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L’abus : un marqueur sexoanalytique des désordres sexuels Esther Hirch M.D., secrétaire générale de l’Institut européen de sexoanalyse Belgique 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 CHAPITRE L a sexoanalyse aide le patient à comprendre la genèse de son trouble sexuel, entre autres, par le sens historique à lui donner. À cet égard, l’histoire familiale est essentielle: quelles ont été les relations avec le père, la mère, la relation des parents entre eux, les messages sur la sexualité, sur la différence des sexes, les idéologies transmises, notamment l’éducation au plaisir, le rang et la relation dans la fratrie? La sexoanalyse tente de repérer les failles, les perturbations dans le développement psychosexuel. Ces perturbations sont de deux ordres : d’une part, le climat général dans lequel l’individu a dû évoluer, le type d’éducation, l’ambiance familiale, les idéologies, les images parentales; d’autre part, des faits marquants, des événements sexuels ou non sexuels qui ont pu le marquer, le toucher, voire le traumatiser. Ce sont parfois des faits minimes, presque insignifiants et pouvant donc passer inaperçus, mais qui, apparus sur ce terrain de base, ont laissé une trace. Le patient comprend petit à petit les résultats de cette ontogenèse, à savoir quel homme ou quelle femme il (elle) est, comment il (elle) se perçoit, comment il (elle) vit dans son identité genrale, comment il (elle) croit être perçu(e) par les autres, quel est son rapport à l’autre sexe. Et comment tout cela va se traduire dans l’imaginaire et en particulier l’imaginaire érotique? Mais aussi, d’une façon générale, comment le patient existe, quels sont ses modes de fonctionnement au niveau de ses NOUVELLES PERSPECTIVES EN SEXOANALYSE 162 relations interpersonnelles, professionnelles, ses activités, son état d’être intérieur, comble-t-il ses besoins fusionnels et d’individuation? Cette notion existentielle m’est apparue essentielle. Et nous savons à quel point les fantasmes de certaines personnes sont des fantasmes de survie, de même que certains symptômes, en particulier ici des symptômes sexuels, comme s’ils étaient un prix à payer pour parvenir à leur équilibre dans tous les autres domaines de la vie. Voyons maintenant comment j’ai été amenée à porter un regard plus extrême sur ces perturbations dans le processus d’individuation. Cela m’est apparu à la suite de consultations de patientes ayant subi des abus sexuels dans leur enfance. Un père qui arrive dans le lit de sa fille ou de son fils dispose du corps et de l’esprit de son enfant. On peut dire que cet enfant «n’existe pas» du fait que l’adulte ne tient pas compte de son identité. On comprend aisément qu’un enfant apprend à exister à partir de la place que ses parents lui font, lui permettent d’avoir. Et je dirais que dans le cas d’un abus sexuel, l’enfant se fait «ne pas exister» pour supporter l’horreur. Plus tard, la petite fille devenue femme n’aura pas de désir sexuel pour son mari comme jadis elle n’en avait pas pour son père. Si elle le fait, elle le fera pour lui et pas pour elle, comme jadis pour le père et pas pour elle, mais aussi pour ne pas qu’il «aille voir ailleurs», c’est-à-dire pour ne pas perdre son amour comme jadis celui du père. Elle fait, en quelque sorte, une photocopie de l’abus et vit donc ses rapports sexuels maritaux comme des abus. À partir de là, j’ai recensé mes patients souffrant de désordres sexuels malins pour me rendre compte que, dans le fond, ils avaient tous subi des abus à des degrés divers, non pas des abus sexuels, mais des abus psychiques, une façon de disposer également de l’esprit et du corps de leur enfant, ce que Hurni et Stoll (1996) qualifient même d’incestes psychiques. Souvent, ces abus, venant entraver le développement psychoaffectif et sexuel de l’enfant, ne sont pas intentionnels. C’est pourquoi les patients en thérapie ont du mal à les repérer. Cependant, dans un grand nombre de cas si ces abus n’ont pas été directement intentionnels, les patients très souvent finissent pas reconnaître que le caractère intentionnel n’était en fait pas si inconscient que...

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