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Un cas de transsexualisme femelle Julie Côté Rousseau M.A. (sexologie) Présidente de l’Institut canadien de sexoanalyse 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 CHAPITRE ai rencontré Carla pour la première fois alors que j’étais thérapeute stagiaire dans un groupe de personnes soit en processus de changement de sexe, soit qui souhaitaient changer de sexe sans en avoir encore entamé le processus. Carla avait alors 25 ans et assistait hebdomadairement aux thérapies de groupe depuis quatre ans. Elle prenait des hormones mâles depuis deux ans et avait, tant dans sa gestuelle, ses attitudes, son habillement et ses attributs physiques apparents, une allure masculine. On ne pouvait confondre son apparence d’avec celle d’une femme et c’est pourquoi, comme toutes les personnes présentes à la thérapie de groupe, je l’appelai d’emblée non pas Carla mais Carl. Carl donc, après deux ans d’hormonothérapie, planifiait maintenant d’avoir recours à la mastectomie, à l’ovariectomie, à l’hystérectomie, ainsi qu’à une série d’autres modifications plastiques «mâlisantes» ou«défemelléisantes». Il lui fallait pour cela obtenir l’accord de l’équipe traitante qui assurait son suivi depuis quatre ans1. Deux ans plus tôt, l’équipe avait accepté de prescrire des hormones à Carl à condition que J’ 1. «Au Québec, ces procédures de chirurgie plastique ne sont accomplies que sur la présentation de deux lettres de recommandation signées par deux psychiatres ou par un psychiatre et un psychologue ou un sexologue reconnus pour leur expérience clinique avec cette clientèle spécifique» (Assalian et al., 1999, p. 645). NOUVELLES PERSPECTIVES EN SEXOANALYSE 146 ce dernier entreprenne un suivi individuel parallèlement à la thérapie de groupe dans laquelle il était déjà investi. Carl avait accepté la condition et débuté un suivi individuel auquel il avait mis fin après cinq séances espacées dans le temps. De fait, depuis les quatre années où il avait été admis dans le processus pour changer de sexe, Carl était réticent à entreprendre un suivi individuel. Dans un premier temps, il était convaincu d’être «un homme prisonnier d’un corps de femme» et ne voyait pas l’utilité de consulter à ce propos; et dans un second temps, le suivi individuel coûtait de l’argent, argent qu’il aurait en moins lorsque viendrait le temps de payer pour les chirurgies « défemelléisantes ». Ainsi, lorsque les thérapeutes seniors du groupe proposèrent à Carl d’entreprendre un suivi individuel avec moi, ce dernier accepta pour répondre à des exigences institutionnelles et non par motivation interpersonnelle réelle. J’ai suivi Carl pendant trente-sept sessions individuelles de cinquante à soixante minutes et pendant vingt sessions de groupe de soixantequinze minutes, tout cela sur une période de quinze mois, période pendant laquelle il a eu recours à une mastectomie, une hystérectomie et une ovariectomie2. LE DOSSIER MÉDICAL ET LES OBJECTIFS THÉRAPEUTIQUES Lorsque Carl m’a été référé, j’ai eu accès à son dossier médical qui comportait des comptes-rendus annuels des thérapies de groupe des quatre dernières années ainsi que les résultats d’un test de MMPI et de Rorschach passés quatre ans plus tôt, au tout début de son processus. Les comptes-rendus annuels rédigés par les thérapeutes révélaient qu’année après année, Carl ne parlait habituellement que lorsque l’on s’adressait spécifiquement à lui et qu’il développait alors peu ses réponses. On disait de lui qu’il semblait attentif à ce que les autres avaient à dire, mais qu’apparemment, il assistait aux séances dans l’unique objectif de faire passer le temps et de satisfaire aux exigences du programme. 2. Je remercie le Dr Marilyn Wilchesky, Ph. D., psychologue, sexothérapeute et directrice du programme sur la dysphorie de genre de l’Unité de la sexualité humaine de l’Hôpital général de Montréal, de sa supervision attentive et généreuse tout au long des 15 mois où j’ai suivi Carl. [18.117.107.90] Project MUSE (2024-04-26 08:41 GMT) UN CAS DE TRANSSEXUALISME FEMELLE 147 Les tests de MMPI et de Rorschach concluaient que Carl (quatre ans plus tôt Carla) n’avait pas de psychopathologie au sens...

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