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© 2005 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: La ville autrement, Sous la direction de Pierre Delorme, ISBN 2-7605-1342-4 • D1342N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés CHAPITRE LA VILLE RETROUVE SON TEMPS APERÇU DES POLITIQUES TEMPORELLES EN FRANCE ET AU QUÉBEC 5 Christel Alvergne Université de Bordeaux III Daniel Latouche INRS – Urbanisation, culture et société« Mais pourquoi courent-ils si vite ? Pour gagner du temps ! Comme le temps, c’est de l’argent … plus ils courent, plus ils en gagnent. » Extrait du sketch de Raymond Devos « Où courent-ils ? » Nous ne tenons jamais au temps présent. Nous rappelons le passé ; nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours. Extrait des Pensées sur la religion de Blaise Pascal © 2005 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: La ville autrement, Sous la direction de Pierre Delorme, ISBN 2-7605-1342-4 • D1342N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 68 La ville autrement Le début des années 1990 est une période de désarroi, liée à la supposée perte des deux principales dimensions dans lesquelles nous nous situons, le temps et l’espace. La thèse de la « fin de l’histoire », et donc du temps, alimente l’idée selon laquelle nos sociétés se figeraient dans un ordre ultime1. « Les événements continueraient donc de se succéder après une éventuelle fin de l’histoire, mais la maîtrise de ces principes fondamentaux serait désormais acquise et ne réserverait plus de surprises au sens où tout ajout à leur propos ne saurait être qu’assez marginal. » La thèse de la « fin des territoires2 » marque quant à elle celle du déclin de la tyrannie de la distance et des territoires finis qui, sous la forme d’États, tracent les grandes lignes de la surface terrestre et de ses logiques d’organisation sociale. Plusieurs événements ont semblé se conjuguer pour faire basculer l’ensemble des repères d’un monde fini et conjoncturel : la chute du mur de Berlin, la généralisation des principes libéraux, le développement des techniques d’information et de communication étaient alors autant de signes d’une profonde mutation. La suite a contredit ces hypothèses. Le 11 septembre 2001, la géographie et l’histoire ont fait un retour en force, imposant dès lors une nouvelle vision du monde en même temps qu’une nouvelle chronologie et le retour de la périodisation. La période de l’après-guerre froide, cellel à même pour laquelle il était si difficile de trouver un nom – l’ère postmoderne , postnationale, globale ? –, n’aura finalement duré que 142 mois3. L’espace d’un attentat, la période de « l’après-guerre froide » était devenue celle de « l’avant-11 septembre ». Peut-être cette nouvelle datation finira-t-elle par s’imposer, un cadeau du changement de millénaire au calendrier géopolitique. Après tout, il fallut bien attendre le passage de l’an mille pour que s’impose définitivement le choix de la naissance de Jésus comme point zéro du calendrier occidental4. 1. Francis Fukuyama, La fin de l’histoire, Paris, Flammarion, 1992. 2. Bertrand Badie, La fin des territoires, essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect, Paris, Fayard, 1995. 3. Sans y voir de relation causale, on notera cependant que cet entre-deux a coïncidé avec une période de croissance économique sans précédent dont le moteur demeure toujours inexpliqué. Comme si le « temps économique » – les fameux business cycles – s’était figé pendant ces quelques années. La bulle financière qui l’a accompagné fut elle aussi sans précédent. 4. Pourquoi avoir attendu une semaine, du 25 décembre au 1er janvier, pour marquer le début de la nouvelle ère ? Un excès de lenteur ? [3.138.33.178] Project MUSE (2024-04-19 22:21 GMT) La ville retrouve son temps 69© 2005 – Presses de l’Université du Québec...

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