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C H A P I T R E Le mandat de recherche Les pages qui précèdent permettent de comprendre pourquoi je m’estimais prêt à relever le défi quand les gens du Réseau québécois des CFER m’ont proposé ce mandat de recherche. Je m’intéressais depuis plus de vingt ans à ce genre d’innovations pédagogiques. Tel était donc le contexte général du présent projet. La « cause lointaine », disait-on dans les cours d’histoire du temps où j’étais moi-même élève. Mais « la cause prochaine », elle ? Quel fut donc le contexte particulier de cette recherche ? Le hasard a fait que, poursuivant mes travaux de recherche sur les innovations pédagogiques destinées aux élèves en difficultés de toutes sortes, j’entendis parler une première fois et de façon fort élogieuse de l’expérience céférienne… 1 36 Pédagogie des poqués 1. Le CFER, un cheminement particulier… très particulier Quand je réalisai que le Centre de formation en entreprise et récupération était une variante, au demeurant fort originale, voire audacieuse du cheminement particulier continu d’ISPJ que j’avais étudié quelques années auparavant, il ne quitta jamais plus mon collimateur. Je l’avais à l’œil et je ne devais plus perdre une occasion d’en savoir plus sur ces usines-écoles bizarres. Au point même de provoquer les occasions d’en savoir plus et de me présenter à quelques reprises à l’improviste au CFER-fondateur de Victoriaville. C’est là que je fis la connaissance de Normand Maurice et Robert Arsenault, deux des fondateurs du mouvement qui ne manquaient pas une occasion de m’en parler. Ce qui ne fut pas toujours emballant, je dois en convenir. Ainsi, les premières fois que j’entendais Normand Maurice dire qu’il fallait arrêter de « conter des peurs » aux élèves d’ISPJ et qu’il fallait leur dire que les diplômes, ce n’était pas pour eux, je bondissais ! À quelque chose malheur est bon, ces propos inusités furent pour moi l’occasion de me rendre compte que, jusque-là, je croyais toujours que tous les élèves étaient faits, moyennant une aide appropri ée comme disait Carl Rogers, pour aller à l’université. Puis, j’ai appris que cela voulait dire que, s’il y avait des limites à la course aux diplômes, il n’y avait pas de limites à développer l’humain, le citoyen, responsable, capable d’assumer sa part de responsabilités et de« prendre sa place dans le trafic », la place qui lui revient. Par voie de conséquence, ces contacts m’ont aussi appris que plus la place à laquelle on se destine est modeste, plus il faut s’y préparer à l’occuper pleinement… D’où l’accent mis par les CFER sur la formation personnelle et sociale qui devient le pivot de la formation au CFER, formation où les disciplines classiques deviennent des ressources additionnelles. J’avais la même réaction explosive les premières fois que je les entendais me parler de la tenue des élèves et de la propreté des cahiers de classe. La pédagogie des CFER, me disaient-ils, ne pardonne rien : tout doit être d’une propreté, d’un ordre exemplaires. Dans le cartable, les rubriques et les sous-rubriques doivent être alignées au millimètre près… Pour moi, tout cela n’était que pédagogie de docilité et de soumission. Là encore, c’est avec le temps et à force d’en parler que j’ai appris que, dans les CFER, la précision et la minutie étaient des outils d’insertion pour les jeunes moins instruits [3.149.233.72] Project MUSE (2024-04-26 11:35 GMT) Le mandat de recherche 37 et peu qualifiés. Moins tu es qualifié, plus tu dois te faire valoir par des habiletés de travail générales telles la minutie, la rigueur dans l’exécution d’une procédure ou d’une routine. Je compris que la minutie était ici traitée comme une compétence transversale et qu’au CFER on faisait le pari de sa transférabilité. Si l’élève développe des attitudes de minutie dans ses cahiers, cela va devenir une aptitude, et il sera plus tard minutieux en tout et partout. Il excellera par sa minutie et la pr...

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