In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

C H A P I T R E Précisions méthodologiques Dans l’intérêt même du mouvement des CFER et de l’innovation pédagogique durable dont je fais ici l’analyse, je me dois d’établir la fiabilité de ma recherche et de mes choix méthodologiques. Étant donné ce qui précède, je vais donc tenter de répondre à la question de savoir si un chercheur peut être rigoureux et fiable tout en ayant un préjugé favorable à l’endroit de son objet de recherche. Est-ce possible dans ces conditions de faire un travail de recherche rigoureux et fiable qui ne soit pas, à sa manière, une entreprise déguisée de publicité et de promotion ! Établissons d’abord un préalable qui précise le contexte dans lequel a été réalisé le mandat de recherche dont j’ai parlé au début. Il s’agit d’une clause du contrat conclu entre le réseau et moi-même et qui enchâssait en quelque sorte ce mandat de recherche. J’ai exigé et obtenu sans la moindre difficulté que « la présente recherche soit exécutée conformément aux standards déontologiques de la 7 212 Pédagogie des poqués recherche universitaire dans le respect total des conditions d’objectivit é et d’indépendance inhérentes à la liberté académique dont jouit le chercheur dans l’exécution de ses obligations ». 1. Peut-on aimer les fleurs et être un botaniste rigoureux ? Cela étant, au moment d’entreprendre cette espèce de démonstration de la fiabilité de ma recherche, j’écarte d’emblée le concept ambigu d’objectivité. Tout ce qui précède m’interdit en effet de prétendre à l’objectivité scientifique. Au reste, cela ne m’intéresse pas. Par contre, j’ai déjà dit ailleurs que mon préjugé favorable à l’endroit de l’expérience des CFER, que je suivais comme solution de rechange pédagogique destinée aux élèves en difficultés, avait été déterminant dans le fait que j’avais accepté le mandat de recherche de la direction du Réseau québécois des CFER. Par contre, je n’ai jamais dit que j’avais accepté ce mandat de recherche pour faire la promotion des CFER. Si cela s’avérait nécessaire (et ce n’est pas à moi d’en décider), il faudrait s’adresser à une agence de publicité. Cela dit, dans l’esprit de bien des « chers collègues », il n’est pas possible de concilier un préjug é favorable à l’endroit de son objet de recherche et les exigences de la rigueur scientifique. Or, je n’ai jamais caché mon préjugé favorable à l’endroit de l’expérience pédagogique des Centres de formation en entreprise et récupération (CFER). Donc, je n’aurais pas dû accepter le mandat. Ces gens confondent rigueur et objectivité, comme s’il n’était pas possible d’être rigoureux quand on n’est pas objectif. Cela m’ennuie, d’autant plus que je n’ai jamais prétendu à l’objectivité, mais je me suis toujours obligé à la rigueur. Il me faut alors répondre à la question de savoir comment il est possible d’avoir à la fois un préjugé favorable et de la rigueur. De façon générale, je dirais que ma réponse à cette question dépend évidemment du genre de recherche que je désire entreprendre. S’il s’agit de prouver, de démontrer ou d’évaluer quelque chose, alors mon ancrage éthique aussi bien qu’épistémologique m’interdit d’entreprendre telle recherche, même avec les intentions les plus honnêtes du monde, car mon préjugé favorable ne manquerait pas de contaminer ma preuve, ma démonstration, mon évaluation et de les transformer à mon insu en plaidoyer, en défense et illustration, en [3.138.200.66] Project MUSE (2024-04-26 16:42 GMT) Précisions méthodologiques 213 apologétique de l’approche, ce qui me retirerait du coup la possibilité d’invoquer la rigueur au soutien de ma crédibilité. Il y aurait en l’esp èce, dirait le savant Juge, apparence de conflit d’intérêts. Pour la recherche qui nous intéresse, ce n’est pas du tout le cas. On ne m’a pas demandé d’évaluer les CFER. On m’a demandé de dégager le...

Share