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L’éconoMie inforMeLLe et Les Pratiques PoPuLaires au congo-brazzaviLLe Appolinaire Attant Ngouari1 Le Congo-Brazzaville est considéré à toutes fins utiles comme un État«rentier» à cause de sa principale source de revenus, le pétrole. Mais il est tout aussi paradoxal de constater que sa population vit dans une précarité sans commune mesure. En 1998, 70% de la population vivait sous le seuil de la pauvreté. Dans ce contexte, il y a peu d’alternatives de développement impulsées par le secteur dit formel et soutenues par les pouvoirs publics, eux-mêmes mis à mal par une mondialisation non maîtrisée, une gestion hasardeuse de l’élite nationale et par les pesanteurs économiques tels que les programmes d’ajustement structurel (PAS), mais aussi par la quasi non-production de richesses à l’échelle nationale. De ce fait, une bonne partie de la population trouve dans ses propres initiatives les moyens de créer la richesse lui permettant de survivre, empruntant donc la voie de l’économie dite informelle. Dans les pages qui suivent, nous proposons une réflexion sur l’économie informelle et les pratiques populaires au Congo-Brazzaville. Quel est l’état des lieux de ces secteurs et en quoi concourent-ils à la création de richesses parmi les populations dans le besoin? Par cette contribution, nous voulons aussi entrevoir ce qui peut être fait ou amélioré comme stratégies pour favoriser la production des biens et services nécessaires à la vie quotidienne des populations. Nous débuterons donc en définissant les principales notions utilis ées dans le texte pour ensuite présenter le contexte sociopolitique et économique qui caractérise la réalité congolaise ces dernières années. 1. Assistant de recherche au laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales (LAREPPS) à l’Université du Québec à Montréal. M. Ngouari possède une maîtrise en intervention sociale. 70 L’Afrique qui se refait Nous aborderons ensuite le rôle des principaux acteurs du développement dans l’économie informelle et les pratiques populaires. Finalement, nous relaterons quelques initiatives dans ce secteur. 1. les notIons d’économIe Informelle, de pratIques populaIres et d’économIe socIale Ces dernières années, les difficultés économiques des pays africains, notamment subsahariens, sont allées de pair avec le développement rapide du secteur informel2 . D’ailleurs, le développement de l’économie congolaise, l’une des plus défaillantes d’Afrique, ne peut être envisagé indépendamment des activités informelles. En effet, «la promotion de ce secteur (informel) constitue aujourd’hui l’un des sujets majeurs des politiques de développement» (Maldonado et al., 1999). Il est donc nécessaire de préciser ce qu’on entend par économie informelle, pratiques populaires et économie sociale dans le Sud et notamment au Congo-Brazzaville . De fait, il est toujours difficile de donner une définition précise du secteur informel, compte tenu de la variété des sous-secteurs d’activité, mais aussi de la forme sous laquelle les activités économiques se font ou sont organisées. Néanmoins, sans pour autant se contenter d’une approche doctrinaire de la réalité du secteur informel, certains auteurs avancent que les activités informelles combinent des caractéristiques empruntées aux traditions autochtones et aux modèles occidentaux de la modernité. Dans ce sens, M. Penouil (1992, p. 74) souligne que «les activités informelles sont avant tout une forme particulière de la dynamique sociale des sociétés en développement. Elles sont une réponse de la société aux besoins nouveaux, aux mutations structurelles, aux contraintes sociales résultant de l’influence du développement transféré sur toutes les catégories sociales». Michel Gaud (1991) rappelle, quant à lui, que l’expression «secteur informel» date du début des années 1970 et est apparue à l’occasion du programme mondial de l’emploi lancé par le Bureau international du travail (BIT). Elle a été popularisée par le rapport Kenya de 1972. Dans le même ordre d’idées, nous pouvons considérer l’économie informelle comme l’ensemble des activités de survivance, des transactions économiques parallèles, non enregistrées par l’État, à ancrage beaucoup plus social et qui ont pour but d’assurer 2. Depuis une décennie, la notion d’économie populaire tend à se substituer à celle d’économie informelle. [18.222.179.186] Project MUSE (2024-04-26 05:01 GMT) L...

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