In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

La finance coMMunautaire et soLidaire en afrique de L’ouest Chantale Doucet et Nathalie Proulx1 L’accès au capital financier est un facteur clé du développement local, indispensable pour lancer et consolider des entreprises d’économie sociale et solidaire. Or le système financier actuel, qui se définit uniquement par le profit, discrédite trop souvent des pans importants de population et d’entrepreneurs qu’il considère comme non solvables ainsi que diverses initiatives socialement innovatrices jugées trop risquées. Bref, le système financier classique écarte une grande portion de la population non seulement au Sud mais également dans les sociétés dites développées au Nord. En fait, trois milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à des services financiers de base (Coordination Sud, , consulté en janvier 2006). Pour contrer cette injustice, des modes de financement à préoccupation sociale novateurs ont, depuis trente ans, émergé aux quatre coins du globe et proposé des alternatives à la finance traditionnelle. Ces initiatives et instruments, regroupés sous le vocable finances solidaires, s’appuient sur des valeurs similaires à celles prônées par l’économie sociale et solidaire: solidarité, participation, coopération entre divers acteurs, démocratie, flexibilité, transparence et proximité. Ils s’inscrivent dans une double logique de rentabilité et d’utilité sociale. 1. Chantale Doucet est professionnelle de recherche à la Chaire de recherche du Canada Chantale Doucet est professionnelle de recherche à la Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC) et doctorante (DSSA) à l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Nathalie Proulx est professionnelle de recherche au Centre de recherche sur le développement territorial (CRDT) et à la CRDC et adjointe à la coordination de l’Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale (ARUC)-Innovation sociale et développement des communautés-axe 3 à l’UQO. 272 L’Afrique qui se refait Depuis le succès médiatisé de la Grameen Bank2 au début des années 1980, le secteur de la finance solidaire a connu un essor consid érable au Nord comme au Sud et les initiatives se déclinent aujourd’hui sous de multiples formes adaptées aux besoins locaux des populations. Si dans les années 1970-1980 on parlait surtout de microcrédit, aujourd’hui, avec la microépargne, la microassurance, les opérations de transfert d’argent, c’est bien d’un secteur de la microfinance qu’il s’agit et même davantage, car la finance solidaire comprend aussi des expériences mésoéconomiques et macroéconomiques qui se présentent comme des compléments ou des alternatives au système classique financier. On parle ici de banques éthiques, de monnaies sociales et autres. Le secteur est porteur. Pour preuve de son bien-fondé, on évalue actuellement à 60 millions le nombre de familles qui ont accès aux services de la microfinance dans le monde (Portail microfinance, , consulté en mai 2006). D’ailleurs, pour souligner la force et le potentiel du mouvement, l’ONU déclarait 2005 l’année internationale du microcrédit. Pour la plupart des ONG et des organisations de développement local, le financement demeure une des principales pierres d’achoppement et un défi récurrent à relever pour les initiatives d’économie sociale et solidaire. Nous vous proposons ci-après un survol rapide d’expériences qui témoignent des différentes formes d’alternatives en finance au Sud et au Nord3 . Nous débuterons avec un exposé sur la microfinance et la présentation des caisses de financement à la base du Bénin, une expérience de microfinance née et développée sous l’impulsion d’une firme d’ingénieurs béninois. Nous verrons les efforts des caisses pour s’autonomiser et s’adapter aux réalités locales. Appuyées aujourd’hui par un réseau national, elles sont à l’origine de plusieurs petits projets portés par les femmes. Nous présentons aussi dans le volet microfinance l’expérience de Développement international Desjardins afin d’illustrer ce que peut être le partenariat réussi entre le Nord et le Sud. Nous poursuivrons avec l’expérience de la Banca Etica, une institution de finance solidaire 2. La Grameen Bank est née en 1974 au Bangladesh. Reconnue légalement en 1983, elle compte aujourd’hui 3,7 millions d’emprunteurs, en majorité des femmes, et est implantée dans 46 000...

Share