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Les diasPoras ouest-africaines, agents de déveLoPPeMent? Chantale Doucet et Louis Favreau1 1. mIgrer pour amélIorer ses condItIons de vIe et celles de sa famIlle Avec la mondialisation néolibérale, le nombre de personnes qui vivent en dehors de leur pays d’origine a fortement augmenté au cours des dernières décennies. En 2005, la Commission mondiale sur les migrations internationales estime qu’il y a sur la planète près de 200 millions de migrants, soit 3% de la population mondiale. Leur nombre a doublé depuis vingt-cinq ans et continue d’augmenter. La trajectoire migratoire a souvent pour origine les pays du Sud et comme destination les pays du Nord. En fait, de 1990 à 2000, les migrations internationales représentaient 56% de la croissance démographique dans les pays développés, contre 3% dans les pays en développement (Commission mondiale sur les migrations internationales, 2006). La principale cause des départs de ces migrants est l’espoir de meilleures conditions de vie pour eux-mêmes mais également pour leurs familles restées au pays car, dans de très nombreux cas, ils continueront de soutenir financièrement ces dernières. En Afrique subsaharienne par exemple, où près de 50% des personnes gagnent moins d’un dollar par jour, la migration de travail est devenue un moyen de subsistance pour plusieurs familles: «La migration leur apparaît comme la seule stratégie possible d’autonomisation» (Daum, 1998, p. 65). Le pays d’accueil est 1. Chantale Doucet est professionnelle de recherche à la Chaire de recherche du Canada Chantale Doucet est professionnelle de recherche à la Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC) et doctorante (DSSA) à l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Louis Favreau est sociologue, titulaire de la CRDC à l’UQO, coordonnateur du réseau Création de richesses en contexte de précarité (CRCP), responsable de l’axe international de l’Alliance de recherche en développement des communautés de l’UQO et conseiller au Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ). 244 L’Afrique qui se refait alors considéré plus comme un espace de travail que comme un espace de résidence (Fall, 2003, p. 32). En outre, le choix du pays d’accueil n’est pas aléatoire, le facteur familial est souvent déterminant. Pour des raisons évidentes, le choix des migrants s’arrêtera généralement sur un pays où des membres de la famille ou des amis sont déjà installés. La décision de migrer est d’ailleurs souvent le résultat d’une stratégie familiale pour maximiser les revenus (Ammassari, 2004, p. 7). Le départ de ces ressources humaines est une grave perte économique et politique pour les pays du Sud et vient accentuer l’appauvrissement des habitants (Tebeje, 2005). D’autant plus, si le migrant est jeune et instruit2 . Ainsi, les migrations contribuent à accentuer l’écart entre le Nord et le Sud. Il faut toutefois compléter ce constat car, sans nier les impacts négatifs de la migration, on en perçoit de plus en plus les avantages, notamment dans les contributions des migrants à leurs lieux d’origine et à leurs pays d’accueil (Lanly, 2001, p. 4; Ammassari, 2004, p. 1). Ces contributions ont fait l’objet d’une attention croissante au cours des dernières années, car on a constaté, par des évaluations de plus en plus détaillées, toute l’importance qu’ont les transferts de fonds des migrants, donnée qu’on avait sous-estimée jusqu’à récemment. On a surtout étudié les transferts vers l’Amérique latine et l’Asie, mais on sait encore peu de chose de ceux vers l’Afrique de l’Ouest. De même, il existe encore très peu d’études sur les associations de migrants qui se sont constituées dans les pays d’accueil et sur leurs rôles, leurs contributions au développement et leur impact sur les pays d’origine. Avec l’augmentation du nombre de ces associations qui s’appuient sur la solidarité et la consolidation d’autres plus anciennes qui ont accumulé une bonne expérience, cette tendance change peu à peu. La documentation sur le sujet, quoique encore dispersée, augmente, ce qui permet de mieux comprendre le potentiel de la migration en matière économique, sociale et culturelle. À cet égard, la France, dont la communauté africaine constitue...

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