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Introduction Diane-Gabrielle Tremblay et David Rolland La responsabilité sociale des entreprises, malgré qu’elle date beaucoup, est un thème résolument actuel de l’économie politique. Le social et l’économique se rencontrent ici sous une forme originale, non encore entièrement explorée ou intégrée par les théories usuelles. C’est que ce mouvement émerge d’événements relativement récents. Une nouvelle conjoncture appelle ainsi un changement qui, peut-être, aura des répercussions sur la structure des affaires et des entreprises. Il nous a donc semblé pertinent d’examiner de plus près les causes et les conséquences de ce mouvement. Les contributions à cet ouvrage, rassemblées par l’Association d’économie politique, éclaireront un débat où les jeux ne sont pas faits. Mode ou conjoncture, le concept de la responsabilité sociale des entreprises connaît, selon la Commission des finances publiques du Québec (2002),« une popularité importante et croissante ». Dans ce contexte, poursuit-elle, « les fonds alternatifs et les groupes de pression ont développé un pouvoir de plus en plus important, et une visibilité accrue sur diverses décisions d’entreprises susceptibles d’avoir un impact social. Dans certains cas, ils arrivent à infléchir les décisions des chefs d’entreprises et gestionnaires, alors que dans d’autres cas, les changements se font attendre ». Tous ne s’entendent certes pas sur la façon d’aborder le sujet. La possibilit é de responsabiliser les entreprises et l’impact des fonds « socialement responsables » sont perçus avec un regard critique. La responsabilité sociale des entreprises peut-elle s’inscrire dans le paradigme libéral actuel? Difficile à dire. Toutefois, tous s’entendent sur le fait que la responsabilité sociale des entreprises n’est pas une solution de rechange au désengagement de l’État. L’importance du rôle de l’État et des instances internationales est primordiale afin d’encadrer ce mouvement qui a le potentiel de changer les règles du jeu. Mais quel rôle pour l’État au juste? Les analyses divergent ou convergent, selon la prise en compte des multiples définitions et facteurs, concernant le rôle, d’un côté, de la règle morale et, de l’autre, de l’influence des parties prenantes. 2 Responsabilité sociale d’entreprise La première partie de cet ouvrage nous invite donc à nous interroger sur le sens des divers concepts de responsabilité sociale, de performance sociale, d’éthique et de finance responsable. Le texte d’Audebrand, de Rolland et de Tremblay présente une rapide introduction au débat. Les auteurs abordent la thématique de la performance sociale de l’entreprise, en la liant à la question de la responsabilité sociale. À partir de diverses typologies, les auteurs présentent diverses visions et conceptions de la responsabilité sociale de l’entreprise, pour conclure sur la question de l’utilité et de la pertinence d’un modèle et d’une vision multidimensionnelle de la responsabilité sociale de l’entreprise. Toutefois, peut-on construire à priori une théorie de la responsabilité sociale? Selon un document de discussion de la Banque mondiale (2003, p. 1), la recherche d’un modèle quelconque n’est pas ce qui apparaît des plus pertinents. La responsabilité sociale est une démarche orientée vers l’obligation de rendre des comptes et qui repose sur l’engagement civique: ce sont les citoyens ordinaires ou les organisations de la société civile (ou les deux à la fois) qui veillent directement ou indirectement à la responsabilité des détenteurs du pouvoir. Les mécanismes de responsabilité sociale sont donc régis par une demande et fonctionnent selon un processus ascendant, en partant de la base. On les associe parfois à des mécanismes«externes» ou « verticaux» de responsabilité, par opposition aux mécanismes«horizontaux » et plus conventionnels qui font intégralement partie de l’État. Cependant, la question se pose : peut-on et qui peut obliger les entreprises à être responsables? L’équilibre entre légifération et laisser-faire est délicat, selon Marchildon. Une responsabilité encadrée devient une obligation que l’on peut contourner et la liberté de déterminer ses responsabilités peut conduire à un effort minimal. Les entreprises qui conduisent leurs affaires de façon « éthique» restent marginales. Pour sa part, Pasquero montre que la gestion et l’éthique ont de tout temps été liées et que c’est précisément ce qui fonde la légitimité du syst...

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