In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

DÉVELOPPEMENT LOCAL ET DÉMOCRATISATION DES MODES DE GOUVERNANCE AU SÉNÉGAL Abdou Salam Fall1 1. LES FACTEURS GÉNÉRATEURS DE SUCCÈS EN DÉVELOPPEMENT LOCAL De plus en plus de recherches en sciences sociales relatives au développement local mettent en relief plusieurs facteurs fondateurs de succès. Quelques-uns d’entre eux sont soumis à la discussion dans la présente contribution. Le premier, la gouvernance de proximité, désigne tout à la fois l’accessibilité des gouvernants, leur disponibilité vis-à-vis de leurs administrés et leur légitimité sociale. Ce type de gouvernance inclut à son tour trois conditions : des règles démocratiques avérées ayant conduit à leur élection ; leur acceptation sociale dans leur localité en qualité de leaders de choix2 ; leurs capacités reconnues à porter les aspirations populaires. La gouvernance de proximité se distingue des modes de direction rigides et distantes qui n’ont pas résisté à l’usure du temps et se sont révélées être des raccourcis autoritaires peu enclins à porter un développement durable. On sait également que le développement ne s’arrête pas aux modalités techniques et qu’il ne suffit pas d’avoir des « lieux aimants3 » pour asseoir un développement polarisant et mobilisateur. Il 1. Sociologue, chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) au Sénégal, président du RIPESS et coordonnateur du réseau CRCP. Ce texte s’inscrit dans le cadre du programme de recherche CRCP. 2. Ce type de leader se distingue du leader par défaut. 3. Benko, G. et A. Lipietz (2000, p. 16) entendent par lieux aimants « ceux qui s’ancrent autour d’une ou plusieurs grosses entreprises, comme des rayons autour d’un moyeu, ceux qui s’ancrent autour d’une grande installation d’État (administration, base militaire …), et enfin de pures « plates-formes de satellite », succursales des grandes entreprises extérieures à la région ». Démocratie, États, société civile, développement et mondialisation 61 faut y ajouter la complexification de la vie en société, qui démontre que le développement reste une quête permanente des acteurs impliqués dans des « sociétés en mouvement » selon la formule de Sainsaulieu. Néanmoins, la gouvernance de proximité n’est pas en soi une garantie d’efficience ; toutefois, elle postule un développement à l’écoute des besoins des acteurs engagés à bâtir une qualité de vie mobilisant les potentialités locales jusqu’alors laissées en friche. Le développement local en constitue l’espace d’expérimentation. Un deuxième facteur de succès pose la pérennité du processus qui, au demeurant, va au-delà des instruments et des instances d’impulsion du développement local. À ce propos, il convient de relever la place essentielle de l’engagement citoyen des acteurs concernés. La citoyenneté fait référence à la proactivité des acteurs collectifs et individuels dans le but de coproduire avec leurs pairs des biens publics, de développer une éthique dans leur rapport avec les ressources de leur société et de se projeter, avec vision, dans l’effectivité d’un contrat social, porteur de cohésion sociale. Elle incarne une dimension politique essentielle ainsi que le propose Nancy Thède : « La définition de la citoyenneté reflète toujours les intérêts des secteurs de la société qui se sont constitués en acteurs collectifs et qui ont réussi à s’imposer aux autres acteurs comme participants légitimes de l’espace public avec droit de parole dans l’élaboration du pacte social » (2000, p. 282). Se distinguant des tenants du pouvoir hégémonique partisan , les acteurs collectifs obtiennent du pouvoir dans leur société en s’impliquant activement dans leur développement. Cette participation consciente à la construction d’espaces publics démocratiques est le plus souvent désignée sous le vocable de société civile. Dans le cas sénégalais, la société civile embrasse assez large : des mouvements sociaux aux guides religieux innovateurs en passant par les volontaires engagés dans l’appui au développement, aux associations et les diverses formes de mutualisation des actions collectives visant un changement social. Dans cette perspective , l’agir collectif citoyen devient suffisamment reconnu pour fonder un processus de développement local durable. Le troisième facteur évoque la mobilisation des ressources adéquates pour réaliser le développement local. Au sein de nombreuses sociétés, les...

Share