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INITIATIVES ÉCONOMIQUES POPULAIRES ET LUTTE CONTRE L’EXCLUSION AU BRÉSIL1 Rosinha Machado Carrion, Liana Carleial, Antonio Carvalho Neto, Pedro de Almeida Costa et Maria Beatriz Rocha Cardoso2 Au cours des années 1980, le Brésil a été marqué par l’ouverture économique , la lourdeur fiscale, la nécessité d’améliorer les conditions de comp étitivité, l’importante restructuration des grandes et des moyennes entreprises et par le processus de privatisation des entreprises publiques. Résultats : hausse du taux de chômage, précarité et diminution de l’emploi. Par la suite, la situation s’aggrave. En 2003, le taux de chômage atteint 13 % et même 20 % dans plusieurs régions métropolitaines. Parall èlement, le nombre de pauvres urbains augmente alors qu’ils représentaient déjà 33 % de la population urbaine en 1999. En fait, le Brésil est le pays d’Amérique latine ayant la plus grande concentration de personnes pauvres vivant dans des centres urbains. Pour compléter ce portrait, résultat de la crise fordiste, mentionnons que les disparités entre les revenus de la population ne cessent de croître même si le Brésil est déjà considéré comme l’un des pays ayant les plus grands écarts du monde. 1. Traduit de l’espagnol. 2. Rosinha Machado Carrion est sociologue à l’Université fédérale de Rio Grande do Sul, coordonnatrice du Groupe interdisciplinaire de recherche et d’études sur le secteur tertiaire de cette université et coordonnatrice de l’équipe brésilienne du réseau CRCP. Liana Carleial est professeur à l’Université fédérale du Paraná et présidente de l’Institut de recherche appliquée et de développement économique et social de la province du Paraná. Antonio Carvalho Neto est professeur à l’Université catholique de Minas Gerais et directeur de l’Institut des relations de travail de cette université. Pedro de Almeida Costa est maître enseignant au Centre universitaire Feevale. Maria Beatriz Rocha Cardoso est de l’Université de Minas Gerais. Ces derniers sont tous membres de l’équipe brésilienne du réseau CRCP. Ce texte s’inscrit dans le cadre du programme de recherche CRCP. 176 Le Sud… et le Nord dans la mondialisation Cette situation n’a pas épargné les « îles périphériques du fordisme », comme la région de l’ABC paulista, où les métallurgistes ont perdu près de 40 % des emplois en 18 ans et les chimistes, 30 % en cinq ans. Même si le secteur des services au Brésil a connu une croissance, les emplois créés sont majoritairement associés aux services personnels, à la construction civile et, à moindre échelle, à la création d’emplois autonomes, ou associés aux petites et moyennes entreprises, qui utilisent les technologies les moins avancées et requièrent moins de compétences (Kon, 1997). En 1999, au Brésil, seuls 37 % de la population économiquement active possède des contrats de travail formels3. Les autres, soit 50 millions de brésiliens, travaillent dans le secteur informel. Malgré cette prédominance , 90 % du PIB du pays provient des 8 000 entreprises privées et organisations publiques du secteur formel. Pour faire face à ce portrait de misère et d’appauvrissement, les pouvoirs publics ont mis en place et ont proposé un ensemble de politiques publiques alternatives de création d’emploi et de revenu. Les principales sont présentées succinctement dans la première partie de cet article. Ce qui nous amènera à aborder, dans la deuxième partie, les principaux piliers du mouvement d’économie populaire et solidaire au Brésil et les principales politiques publiques en la matière. Finalement, en dernier lieu, nous présenterons trois cas qui reflètent bien la dynamique de l’économie populaire au Brésil. 1. LES POLITIQUES PUBLIQUES EN MATIÈRE D’EMPLOI ET DE REVENU L’expérience brésilienne dans le domaine des politiques publiques en matière d’emploi et de revenu est très récente. À la suite de la ratification de la Constitution de 1988 et du processus de démocratisation du pays, une série de changements dans la façon de gérer les fonds publics ont été introduites. Voici brièvement les principaux changements au cours des dernières années. 3. Selon les données du Pesquisa Nacional por Amostra de Domicílios do IBGE. [18.190.152.38] Project MUSE (2024-04-26 08...

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