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PROFIL SOCIAL DES ENTREPRENEURS POPULAIRES ET DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS AU PÉROU1 Paul Maquet-Makédonski2 La population actuelle du Pérou est de 27 272 000 millions d’habitants. On prévoit qu’elle atteindra 35 millions en 2025, dont 27 % vivraient en milieu rural et 72,3 % en milieu urbain. Alors qu’en 1940, Lima, la capitale péruvienne, comptait seulement 10,4 % de la population du Pérou, en 1993 cette proportion s’élevait déjà à 30 % et pourrait bien atteindre 36 % en 2025. Selon les estimations officielles, 55 % de la population au Pérou serait pauvres dont près de la moitié seraient en situation d’extrême pauvreté, ce qui signifie que leurs revenus ne suffisent pas à répondre à leurs besoins alimentaires. Les personnes défavorisées vivent en grand nombre en milieu urbain et travaillent dans ce que l’on appelle encore l’« économie informelle urbaine ». Toutefois, nous préférerons à ce terme celui d’« économie populaire », car l’« informalité » fait seulement référence à un mode de vie, mais pas à un secteur de production reconnu comme tel pour sa contribution au développement du pays. Bien que la majorité des pauvres habitent la ville, ceux qui sont en situation d’extrême pauvreté vivent en milieu rural, où ils dépendent d’une agriculture de subsistance (les deux tiers d’entre eux habitent dans la sierra, une région montagneuse). 1. Traduit de l’espagnol. 2. Sociologue et urbaniste, professeur à l’Université nationale d’ingénierie (UNI), à Lima, coordonnateur de recherches à l’Institut de développement urbain (Cenca), animateur international du chantier « Territoires » de l’Alliance pour un monde pluriel et solidaire et coordonnateur de l’équipe péruvienne du réseau CRCP. Ce texte s’inscrit dans le cadre du programme de recherche CRCP. Initiatives économiques populaires et développement des communautés au Sud 161 Si les tendances actuelles se maintiennent, Lima comptera, en 2025, quelque 7 millions de pauvres comparativement à 3,5 millions aujourd’hui. Cette croissance éventuelle explique l’intérêt grandissant qu’on accorde aux mesures visant à cerner la pauvreté, à en estimer l’étendue et surtout aux mesures visant à combattre ce phénomène. Il s’agit certes d’un problème économique, mais aussi politique, social et éthique. Le contexte dans lequel a lieu cette croissance urbaine, de même que celle de la pauvreté, plus particulièrement à Lima, présente les caract éristiques suivantes : 1. poids de la dette extérieure : le remboursement annuel du service de la dette était de 2,3 milliards de dollars en 2003 et s’élèvera à 3 milliards au cours des années suivantes, ce qui représente presque 25 % du budget national ; 2. faible création de richesses : faible taux de création de richesses par l’économie officielle, à l’exception de la production de matières premières, dont les profits sont destinés au remboursement de la dette ; 3. mise en péril de la protection des ressources humaines et environnementales : assouplissement des normes relatives à l’emploi et à l’environnement avec l’arrivée de nouveaux capitaux, principalement étrangers ; 4. précarité de l’emploi : en 1999, plus de 7 millions de personnes, soit 84 % de la population active, étaient sans emploi (9 %) ou en situation de sous-emploi (75 %) ; 5. augmentation du nombre d’emplois précaires : dans les années 1990, l’emploi créé a été principalement le fait d’une main-d’œuvre sous-qualifiée : 73 % des personnes qui détenaient un emploi étaient des travailleurs indépendants sans formation technique ou professionnelle, des aides familiales et des aides ménagères ; 6. micro-entreprises : parmi ces travailleurs qui occupent un emploi précaire, beaucoup travaillent au sein de micro-entreprises qui comptent moins de 10 personnes. Il semble assez difficile de combattre efficacement la pauvreté tant que ne changeront pas certaines des bases structurelles qui la maintiennent , à savoir la dette, les relations de commerce international et la [3.138.125.2] Project MUSE (2024-04-26 14:17 GMT) 162 Le Sud… et le Nord dans la mondialisation manière traditionnelle d’envisager le développement. Tant qu’on ne valorisera pas les potentiels humain, culturel et matériel du pays et qu’on n’y accordera pas suffisamment d’attention, la pauvreté durera. Les économistes traditionnels considèrent la micro-entreprise uniquement comme une stratégie de survie ou comme une source de travail de mauvaise qualité. Pourtant...

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