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DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL DESJARDINS (DID) L’ENJEU DE LA FINANCE COMMUNAUTAIRE DANS LES PAYS DU SUD Anne Gaboury1 Créée en 1970, Développement international Desjardins (DID) est une société canadienne spécialisée en appui technique et en investissement dans le secteur de la finance communautaire dans les pays en développement et en émergence. Filiale du Mouvement Desjardins, DID travaille avec des partenaires présents dans plus de 20 pays d’Afrique, des Amériques et des Antilles, d’Asie et d’Europe centrale et de l’Est. Au fil des ans, l’expertise de DID s’est construite, d’une part, en s’inspirant des constantes stratégies mises de l’avant par le Mouvement Desjardins, sixième plus importante institution financière au Canada, pour concilier valeurs coopératives et marché compétitif et, d’autre part, grâce à ses nombreux partenariats partout dans le monde où les populations, les réseaux coopératifs, législateurs et États ont cherché à optimiser le levier de la finance communautaire pour favoriser la lutte à la pauvreté et la création de la richesse. La mission de Développement international Desjardins est de renforcer la capacité d’agir et d’entreprendre des populations moins nanties des pays en développement ou en transition en favorisant la maîtrise d’institutions financières à propriété collective et à rayonnement communautaire . Après un bouleversement intense du secteur du développement de la finance communautaire, DID fait ici le point sur quelques-uns de ses récents apprentissages. 1. Anne Gaboury est présidente et directrice générale de Développement international Desjardins (DID). 42 Altermondialisation, économie et coopération internationale 1. LE LEVIER FINANCIER POUR LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS Vers la fin des années 1990, la vogue du microcrédit a remis en lumière l’importance du levier financier dans le développement des communautés. Subitement, une grande attention était prêtée aux impacts, méthodologies et stratégies des opérateurs de microcrédit qui mettaient de l’avant le fait que les clientèles pauvres pouvaient utiliser le levier du crédit pour améliorer leur sort. Deux acteurs majeurs ont alors modulé de façon importante les grands débats de l’heure : le Microcredit Summit2 qui insistait sur la nécessité de rendre disponible le crédit aux clientèles les plus pauvres, avec l’objectif de rejoindre 500 millions d’entre eux pour réduire significativement la pauvreté, et le Consultative Group to Assist the Poorest (CGAP)3 qui de son côté faisait rapidement valoir la nécessit é de rentabiliser les opérations de microcrédit dans une perspective de pérennité. Aujourd’hui, la communauté internationale s’entend pour dire que les deux objectifs doivent être poursuivis de façon conjointe et que cette double ambition de rejoindre les clientèles les plus pauvres de façon rentable et pérenne lance en fait un formidable défi. Les cinq dernières années ont donc été riches en apprentissages pour tous les acteurs du secteur. Développement international Desjardins , qui travaille avec des partenaires œuvrant dans la finance communautaire à travers le monde, a tiré plusieurs leçons dans cette effervescence dont quelques-unes sont résumées ici. 2. L’IMPORTANCE DE L’ÉPARGNE COMME PILIER DE DÉVELOPPEMENT« L’épargne, c’est la liberté », disait un slogan du Mouvement des caisses Desjardins dans les années 1970. En matière de développement, DID croit fermement que l’épargne, c’est l’indépendance. 2. Groupe d’influence composé d’un ensemble d’organisations non gouvernementales réalisant des activités de microcrédit. 3. Groupe d’experts abrité par la Banque mondiale et financé par un consortium de bailleurs de fonds. [3.17.6.75] Project MUSE (2024-04-19 09:11 GMT) Pratiques innovatrices de coopération internationale 43 Alors que la vogue était au microcrédit, à la fin des années 1990, DID confirmait son orientation fondamentale de rendre disponibles les services financiers par le développement d’institutions financières dont les principales ressources proviendraient des communautés desservies, par opposition à de simples guichets de crédit disposant de fonds externes. Une telle position s’attire habituellement deux grandes critiques. La première porte sur le potentiel d’épargne des clientèles pauvres. Or, même dans les milieux les plus pauvres, les réseaux partenaires de DID lèvent actuellement...

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