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LES AVANCÉES DU COMMERCE ÉQUITABLE AU QUÉBEC Jean-Frédéric Lemay 1 1. LE COMMERCE ÉQUITABLE COMME PROJET DE SOLIDARITÉ INTERNATIONALE Le commerce équitable fait partie d’un mouvement issu de la critique du néolibéralisme qui s’inscrit dans la construction d’alternatives au syst ème économique dominant. Selon Waridel et Teitelbaum (1999), son importance résiderait dans la nécessité de trouver des solutions locales à des problèmes globaux par la promotion du développement durable et au moyen de relations commerciales justes favorisant l’autonomisation des producteurs du Sud. Cependant, ce commerce n’est pas unique, mais multiforme et les acteurs tendent à le définir de façons variées. Nous retiendrons toutefois la définition de FINE, un organisme regroupant différents réseaux internationaux de commerce équitable : Le commerce équitable est défini comme une approche alternative au commerce international conventionnel. C’est un partenariat commercial qui vise un développement durable pour des producteurs exclus ou désavantagés. Il cherche à réaliser cela en proposant de meilleures conditions d’échanges et en menant des campagnes de sensibilisation et de lobbying. (Torres Palma, 2002, p. 35.) Donc, de façon générale, c’est une pratique commerciale solidaire qui vise à court-circuiter les intermédiaires entre le consommateur et le producteur afin que ce dernier reçoive un prix « juste » pour sa marchandise . Les critères qui régissent l’identification des produits équitables sont divisés entre les responsabilités attribuées aux producteurs du Sud et celles des OCE (Organisations de commerce équitable) au Nord : 1. Jean-Frédéric Lemay est doctorant en anthropologie à l’Université Laval et assistant de recherche à la CRDC. 66 Altermondialisation, économie et coopération internationale Au Sud : fonctionner et prendre des décisions de façon démocratique , contribuer au développement durable de la communauté, tendre vers des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et maintenir un équilibre entre la production de subsistance et d’exportation. Au Nord : dispenser de la formation et fournir des informations sur le commerce équitable, garantir aux producteurs un accès direct aux marchés du Nord, payer le prix équitable garanti, faire des paiements anticipés si nécessaire pour assurer un crédit, signer des contrats à long terme (minimum deux ans), effectuer un travail d’éducation et de plaidoyer dénonçant les inégalités NordSud et, enfin, appuyer l’autonomie locale des communautés de producteurs . (Fauteux et Piché, 2002, p. 37.) Le fonctionnement de ce type de commerce est toutefois double selon que les produits sont de type agricole ou artisanal. Pour les produits agricoles, les critères ci-dessus mentionnés sont érigés en normes vérifiées par un réseau d’organismes de certification regroupés au sein de la Fairtrade Labelling Organization International (FLO), un organisme de coordination qui enregistre les coopératives de producteurs qui satisfont aux critères et pour lequel travaillent des organismes de certification tels Transfair, Max Havelaar et FairTrade Foundation. Toutefois, lorsqu’il s’agit de produits artisanaux, on doit faire confiance à l’organisme fournisseur qui doit s’assurer que les produits respectent les principes suivants : Rémunérer équitablement le travail des artisans et producteurs plus défavorisés, garantir le respect des droits fondamentaux, instaurer des relations durables entre partenaires économiques, favoriser la préservation de l’environnement, proposer aux consommateurs des produits de qualité, établir une relation commerciale directe, favoriser un processus démocratique, respecter le principe de transparence et, enfin, réinvestir une partie des profits des coopératives dans des projets de développement de la communauté. (Fauteux et Piché, 2002, p. 36.) Avec la diversité des produits et des fonctionnements leur étant associés, diverses stratégies se sont profilées dans les pays occidentaux où les réseaux de commerce équitable se sont par ailleurs développés de façon inégale. Par exemple, le réseau européen des Magasins du Monde est très bien structuré en une fédération régionale et obtient un appui des institutions politiques telles que l’Union européenne, tandis qu’au Québec, bien que les organisations fassent un travail constant de promotion et de commercialisation, leur réseautage et leur organisation [18.217.144.32] Project MUSE (2024-04-24 03:03 GMT) Pratiques innovatrices de coopération internationale 67 sont beaucoup plus embryonnaires. C’est cette situation québécoise...

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