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C H A P I T R E© 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Au-delà du système pénal, Sous la direction de Jean Poupart, ISBN 2-7605-1307-6 • D1307N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 12 INTÉGRATION SOCIALE DES ANCIENS DÉTENUS Analyse des logiques de la justice pénale et de leurs effets PHILIPPE COMBESSIE Groupe d’analyse du social et de la sociabilité (GRASS) CNRS – Université Paris 8 Université René-Descartes – Paris 5 France ph.com@laposte.net © 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Au-delà du système pénal, Sous la direction de Jean Poupart, ISBN 2-7605-1307-6 • D1307N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 232 AU-DELÀ DU SYSTÈME PÉNAL RÉSUMÉ Les différentes logiques de la justice pénale masquent l’une de ses fonctions sociales aux effets sous-estimés : la stigmatisation d’une frange de la population dont la composition n’est pas « sociologiquement correcte ». En inscrivant de façon indélébile dans la personne même des détenus les crimes qu’on leur reproche, le système judiciaire en fait les boucs émissaires d’une société qui utilise l’incarcération comme une sanction censée la purger des turpitudes qui la traversent. Cela produit un enchev êtrement de logiques ségrégatives qui se renforcent et dont l’effet principal contribue à rendre très difficile la réintégration sociale des anciens détenus. [3.144.48.135] Project MUSE (2024-04-25 08:05 GMT) INTÉGRATION SOCIALE DES ANCIENS DÉTENUS 233© 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Au-delà du système pénal, Sous la direction de Jean Poupart, ISBN 2-7605-1307-6 • D1307N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés Pour mobiliser les citoyens, et les inviter à s’intéresser un tant soit peu aux détenus, certains militants déclarent « ce sont des gens comme vous et moi » ou encore « la prison : cela peut arriver, n’importe quand, à n’importe qui ! ». Lorsque ces militants sont de bonne foi1, c’est qu’ils ignorent les effets sociologiques des pratiques de tri adoptées par l’ensemble du corps social et matérialisées par les décisions de justice pénale d’envoyer certains justiciables en prison, certains plutôt que d’autres. UNE POPULATION DONT LA COMPOSITION N’EST PAS «SOCIOLOGIQUEMENT CORRECTE» Le profil des détenus est une question cruciale. On se réfère souvent à l’approche juridique ; en la matière, il est exact, à quelques rares exceptions près2, que n’importe qui peut se retrouver un jour en prison. Mais l’analyse sociologique apporte des éléments qui méritent d’être pris en considération. Pour présenter les critères sociologiques les plus spécifiques de la population incarcérée dans les prisons françaises, on peut calculer les Odd’s ratios des probabilités d’être incarcéré lorsqu’on est porteur d’un de ces critères. La caractéristique la plus visible des spécificités de la population incarcérée est assurément le sexe. Les prisons ont toujours été très majoritairement peuplées d’hommes. Les femmes représentaient 20 % de la population carcérale française à la fin du XIXe siècle, moins de 5 % à l’aube du XXIe. En 2002, les hommes représentaient 96,2 % des détenus : un taux 1. Il arrive aussi qu’ils sachent que cet argument est partiellement faux. Ils peuvent alors se justifier ainsi : peu importe que je sois de mauvaise foi, puisque j’agis pour la bonne cause. 2. Les chefs d’État disposent, par exemple, de traitements particuliers, prévus par la loi. Odd’s ratios = Proportion d’agents incarcérés parmi les porteurs du critère Proportion d’agents vivant libres parmi les porteurs du crit...

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