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C H A P I T R E© 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Au-delà du système pénal, Sous la direction de Jean Poupart, ISBN 2-7605-1307-6 • D1307N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 7 DE L’ITINÉRANCE ET DU TRAVAIL À propos de la reconnaissance sociale des pratiques dans l’univers de la marginalité SHIRLEY ROY Département de sociologie Université du Québec à Montréal roy.shirley@uqam.ca ROCH HURTUBISE Département de travail social Université de Sherbrooke roch.hurtubise@usherbrooke.ca © 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Au-delà du système pénal, Sous la direction de Jean Poupart, ISBN 2-7605-1307-6 • D1307N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 126 AU-DELÀ DU SYSTÈME PÉNAL RÉSUMÉ Si le travail est encore la forme majeure d’intégration dans les sociétés actuelles, on assiste par ailleurs à une multiplication des formes atypiques de travail et parallèlement à des processus de reconnaissance ou de nonreconnaissance de celles-ci. Les expériences des personnes qui vivent dans la rue sont intéressantes à cet égard : elles consistent à se procurer de l’argent et à assurer sa survie par des moyens qui s’écartent de la représentation dominante du travail. Trois figures permettent de comprendre la diversité des articulations entre travail et rue : 1) une reconnaissance partielle et ghettoïsante, 2) une non-reconnaissance institutionnalisée et 3) une reconnaissance associée au transfert des compétences. Notre analyse consiste, pour chacune de ces figures, à identifier les caractéristiques et finalités des activités qui nous permettent de les associer au travail, les secteurs d’une économie informelle auxquels elles participent et les formes de reconnaissance (et de rejet) qui tendent à les définir dans les marges du social ou encore à les exclure. [18.219.63.90] Project MUSE (2024-04-26 06:10 GMT) DE L’ITINÉRANCE ET DU TRAVAIL 127© 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Au-delà du système pénal, Sous la direction de Jean Poupart, ISBN 2-7605-1307-6 • D1307N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés L’image forte de l’itinérance, largement admise et diffusée, est une impossibilit é, pour un nombre croissant d’individus, de fonctionner dans un monde social organisé. Il s’agit d’un processus de désinsertion qui prend racine tant dans des trajectoires individuelles que dans des conjonctures structurelles et institutionnelles1. Ce processus est fait de ruptures ou de détérioration progressive au niveau physique et psychologique, d’une perte de repères, d’une diminution des habiletés à fonctionner quotidiennement , des capacités à se projeter dans le temps, etc. Plus largement, ce processus s’inscrit dans un contexte de fragmentation des espaces urbains, de précarisation du travail, de fragilisation de la vie familiale et de diminution du filet de sécurité sociale. Dans ce contexte, le travail apparaît comme une antinomie ou une contradiction par rapport à des pratiques qui relèveraient de la survie. Pourtant, lorsqu’on observe l’univers de la rue d’un peu plus près, on constate qu’il y a un ensemble d’activités liées à la production, à l’offre de services ou encore à la vente de produits qui pourraient être associées à ce qu’on appelle, dans nos sociétés, le travail. Pourquoi ces activités ne sont-elles pas lues, décodées, voire pensées comme du travail ? Voilà le paradoxe que nous tenterons de résoudre. La rue et le travail sont généralement conçus comme des univers clos et s’excluant mutuellement. Plus encore, on assiste à la confrontation de deux univers normatifs dont l’un a une antériorité sur l’autre. Le travail, en tant qu’intégrateur par excellence dans les sociétés modernes et structurant fondamentalement les rapports sociaux, met en avant...

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