In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

© 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Comprendre la famille no 7, Carl Lacharité et Gilles Pronovost (dir.), ISBN 2-7605-1296-7 • D1296N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés À proximité, mais chacun chez soi La cohabitation intergénérationnelle au Québec, une stratégie résidentielle et d’entraide renouvelée Manon BOULIANNE Département d’anthropologie Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES), Université Laval Depuis quelques années, la cohabitation intergénérationnelle est consid érée au Québec comme une modalité de logement pouvant satisfaire les besoins et les aspirations des personnes âgées et de leurs enfants adultes (Conseil des aînés, 2001 ; Renaud, 1999). Dans quelles conditions une telle pratique est-elle vraiment avantageuse, et pour qui ? Quels sont les désavantages éventuels d’un tel arrangement ? Comment s’assurer que les attentes des deux ménages impliqués et de l’ensemble de leurs membres soient prises en compte ? Le texte qui suit livre les premiers résultats d’une recherche empirique1 menée en 2002-2003 dans la conurbation de Québec. Cette recherche s’intéressait à une modalité particulière de cohabitation intergénérationnelle impliquant l’ajout d’un logement supplémentaire à une maison unifamiliale dans le but de loger sous le même toit, mais dans des unités adjacentes, deux ménages apparentés. Le logement supplémentaire est 1. La recherche a pu être réalisée grâce à une subvention de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (2002-2003). © 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Comprendre la famille no 7, Carl Lacharité et Gilles Pronovost (dir.), ISBN 2-7605-1296-7 • D1296N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 174 Manon BOULIANNE« une unité d’habitation autonome attenante à une maison unifamiliale ou construite à l’intérieur de cette dernière – [il peut] partager l’entrée, la cour arrière et l’aire de stationnement de la maison » (Leinwand et Després, 1999, p. 3-4). La recherche visait à identifier les motivations des ménages ayant fait l’expérience de la cohabitation intergénérationnelle , les difficultés rencontrées pour mener à bien leur projet ainsi que les impacts de la cohabitation sur la vie quotidienne des aînés et des plus jeunes, de manière à informer d’éventuelles politiques publiques concernant cette modalité de logement. Cette recherche devait également permettre de constater comment, et dans quelle mesure, les règlements municipaux interviennent dans les stratégies résidentielles des ménages désireux d’expérimenter le logement de proximité en maison intergénérationnelle. Trente-six entretiens semi-dirigés ont été réalisés auprès de membres de quinze familles ayant expérimenté cette modalité de logement. Les résultats exposés dans les pages qui suivent concernent essentiellement les motivations à l’origine de ce type de projet résidentiel, le processus de prise de décision et les démarches réalisées pour le mener à terme. LA PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHE : PARENTÉ, CULTURE ET COHABITATION INTERGÉNÉRATIONNELLE L’étude des usages sociaux du logement dans une perspective intergénérationnelle a mis en évidence le rôle de la culture prise au sens large, c’est-à-dire des normes et des valeurs familiales dominantes à un moment et dans un lieu donnés sur la configuration des attentes et la disposition des parents et des enfants à résider sous un même toit (Asis et al., 1995 ; De Jong, 1998). De nos jours, dans certaines régions du monde, la cohabitation intergénérationnelle est une pratique courante tandis que dans d’autres, elle relève de l’exception. Par exemple, une étude comparative réalisée au cours des années 1980 aux Philippines, en Thaïlande, à Taïwan et à Singapour a montré que dans ces pays dans leur ensemble, entre 71 % et 88 % des personnes âgées résidaient avec un ou plusieurs de leurs enfants (Asis et al., 1995) alors que dans les pays occidentaux, les personnes âgées...

Share