In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

C H A P I T R E 10© 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: L’imaginaire urbain et les jeunes, Sous la direction de Pierre-W. Boudreault et Michel Parazelli, ISBN 2-7605-1293-2 • D1293N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés RAVES ET ESPACE URBAIN Bricolage d’un rite de passage à l’âge adulte? FRANÇOIS GAUTHIER Étudiant-chercheur au doctorat Département des sciences des religions Université du Québec à Montréal L’intellectuel contemporain fréquente les discothèques, mais ne renonce pas à la théorie. Umberto Eco Le Monde, 18 juillet 1982, entretien avec Christian Deschamps Un authentique rituel festif pour une génération qui n’a reçu de ses parents (bien contents d’avoir fait leur révolution tranquille) qu’une absence de modèle, un flou déstabilisant. Nora Ben Saâdoune,« Régime nocturne », 1997, p. 3. © 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: L’imaginaire urbain et les jeunes, Sous la direction de Pierre-W. Boudreault et Michel Parazelli, ISBN 2-7605-1293-2 • D1293N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 238 L’IMAGINAIRE URBAIN ET LES JEUNES Ce texte interroge les marges à l’intérieur desquelles les jeunes construisent aujourd’hui leur identité. Y aurait-il, derrière les apparences de délinquance, d’effets de mode et de « folies de jeunesse », des signes qui nous permettent de saisir les modalités de la ritualisation du passage à l’âge adulte dans nos sociétés ? Est-il possible de cartographier les trajectoires identitaires que les jeunes vivent aujourd’hui, au-delà des évidences sociologiques et statistiques ? Prenant le parti de l’imaginaire et misant sur la fécondité d’une religiologie du quotidien et de l’urbanité, le vécu des jeunes est examiné ici à travers le prisme des sous-cultures rave (techno), un des phénomènes jeunesse les plus novateurs, les plus mobilisateurs et les plus marquants de la dernière décennie. Le parcours se subdivise en trois temps. Un double exercice de situation permettra d’abord de définir brièvement le phénomène rave, à la fois historiquement et culturellement, puis de situer les jeunes au sein de ce que l’on pourrait appeler l’économie symbolique ou l’économie de sens de nos sociétés. C’est sur cette base que pourra procéder, en troisième lieu, l’analyse complexe de cette question : la construction de l’identité des jeunes dans cette sous-culture, à la lumière du concept de rite de passage et de leur rapport à l’espace urbain. L’objectif est de dépasser le simple placage conceptuel afin d’interroger la réalité de ces jeunes oiseaux de nuit en prenant leur vécu au sérieux afin d’en dégager les structures fondationnelles de l’identité. Il ne s’agit pas – attention ! – de définir le rave comme rite de passage : soit un rite correspondant aux trois étapes classiques, notamment mises en lumière par Arnold van Gennep et Victor Turner, de la séparation, de l’expérience liminale et de l’agrégation avec transformation. Ce qui retiendra l’attention ici, ce n’est pas un événement ponctuel ni le rave lui-même, mais plutôt le résultat d’une fréquentation de certaines sous-cultures techno – une fréquentation que l’on peut qualifier d’engagement – sur une période de temps plus ou moins longue, dans un contexte contemporain d’urbanité. LE RAVE: HISTOIRE ET DÉROULEMENT Les raves sont ces fêtes nocturnes qui rassemblent des centaines, voire des milliers de jeunes dansant sur une trame de musique « techno » : électronique , percussive et répétitive. Née en Grande-Bretagne à la fin des années 1980 après une décennie de néolibéralisme conservateur sous Margaret Thatcher, cette effervescence urbaine s’est répandue, en quelques années seulement, sur l’ensemble du territoire occidentalisé. De clandestin et monolithique dans sa phase d’instituance, le phénomène s’est rapidement [3.137.178.133] Project MUSE (2024-04-25...

Share