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C H A P I T R E 5© 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: L’imaginaire urbain et les jeunes, Sous la direction de Pierre-W. Boudreault et Michel Parazelli, ISBN 2-7605-1293-2 • D1293N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés JEUNESSE ET LIEN CIVIL Déliaison, ou réenchantement de l’espace public? FRANÇOISE MONCOMBLE, professeure Université Paris XII © 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: L’imaginaire urbain et les jeunes, Sous la direction de Pierre-W. Boudreault et Michel Parazelli, ISBN 2-7605-1293-2 • D1293N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 118 L’IMAGINAIRE URBAIN ET LES JEUNES L’enjeu – toujours – pour la jeunesse : entrer en société et, plus encore, faire société au sein de l’espace public général. Mais les jeunes des grandes cités HLM sont, quant à eux, polarisés par les démons de la proximité, comme seule modalité de connaissance et d’intelligibilité du monde. Ils sont englués dans de multiples sociabilités d’intimité collective qui les internalisent et les retournent sur eux-mêmes en une sur-affirmation identitaire d’abord défensive. Ils sont prisonniers de ces micro-sociétés du proche, du territoire privé et de l’interdépendance : comme désarrimés et déliés (Moncomble, 2001), ils glissent en marge de l’univers urbain ordinaire, de tous ses réseaux déterritorialisés, de toute forme de vie publique (Sennett, 1995) et de l’accès au lien civil. Pour eux, le lien à l’espace public, condition première de l’intégration, n’est pas construit. La question est récurrente, prioritaire et se pose à tout l’univers urbain : quelles sont les conditions pour que l’appartenance au lieu se change en citoyenneté ? Les « cités » en France, les ghettos ailleurs, interrogent de ce point de vue et radicalement la constitution de l’espace et des lieux publics dont on oublie par trop le dessein : fonder l’unité de l’ensemble. Nous les prenons ici pour guides, ces cités HLM et leurs jeunes, qui ont substitué à l’espace commun une loi et une territorialisation privées. L’enjeu ici étant moins de théoriser un espace public idéal que d’esquisser les pistes d’une réponse sociale possible à la déliaison des jeunes marginaux des cités… AU COMMENCEMENT Insister sur ceci d’abord, la constante anthropologique qui ordonne, pour chaque groupe humain, pour chaque culture, pour chaque société, la nécessité, plus encore la loi, de ne pouvoir se penser, se mouvoir, de n’agir qu’en référence à un espace centré, point fixe d’enracinement, à valeur privilégiée face au chaos de la nature. Rappeler, par exemple, à quel point est trompeuse la perception commune d’un espace indifférencié de la divagation nomade : nul territoire n’est davantage maillé, tissé de micro-points de centralité, le plus souvent funéraire, totems, tertres et tumulus, fondant, orientant mouvements , déplacements et itinéraires nomades. Nos SDF urbains le savent [3.140.188.16] Project MUSE (2024-04-26 16:21 GMT) JEUNESSE ET LIEN CIVIL 119© 2004 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: L’imaginaire urbain et les jeunes, Sous la direction de Pierre-W. Boudreault et Michel Parazelli, ISBN 2-7605-1293-2 • D1293N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés bien, qui réinventent sans cesse des itinérances familières, balisées, ritualis ées, codifiées au sein d’une territorialité restreinte : mode d’être et de faire, de s’arrimer au sein même de l’errance, façon de s’inscrire en corps propre ou à corps perdu dans l’étrangeté à la fois égarante et tutélaire de la matrice urbaine. Énoncer alors du même pas, à la genèse du fait urbain, le mouvement compulsif, tenaillant, qui sans trêve pousse les hommes à fuir la dispersion. Cette...

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