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C H A P I T R E 15 IMPACTS MACROÉCONOMIQUES DE MESURES D’ATTÉNUATION DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE SUR L’AGRICULTURE AU CANADA PAUL J. THOMASSIN Université McGill L. MARTIN CLOUTIER Université du Québec à Montréal 300 Changement climatique, flux technologiques, financiers et commerciaux Résumé Dans ce chapitre, nous examinons les résultats de l’application du modèle d’entrée-sortie canadien à l’étude de moyens à prendre pour tenter d’atténuer les gaz à effet de serre dans les secteurs agricoles et agroalimentaires. À cette fin, un modèle d’entrée-sortie rectangulaire a été appliqué à l’étude de multiples scénarios d’atténuation des gaz à effet de serre. Le modèle utilisé mesure 1) les effets directs, 2) les effets directs et indirects et 3) les effets directs, indirects et induits sur le produit industriel. Les résultats de huit scénarios, correspondant à autant de moyens d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre, sont présentés. Ces résultats sont parfois équivoques quant aux répercussions économiques et environnementales encourues. Ainsi, pour l’ensemble des scénarios considérés, les résultats indiquent que les mesures d’atténuation envisagées auraient un impact économique négatif et que les moyens envisagés seraient insuffisants pour atteindre les objectifs de Kyoto. [18.223.159.195] Project MUSE (2024-04-18 09:41 GMT) Mesures d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre 301 1. Introduction En ratifiant le protocole de Kyoto, le Canada s’engageait à ramener ses émissions de gaz à effet de serre à 6 % de leur niveau de 1990. Il est lucide de supposer que cette réduction d’émissions de gaz à effet de serre, une fois effectuée, engendrerait des répercussions économiques sur les divers secteurs de l’économie canadienne. La production agricole n’y échapperait pas. L’objectif premier de ce chapitre consiste à montrer comment un modèle d’entrée-sortie peut être utilisé pour mesurer les impacts macroéconomiques de mesures d’atténuation des gaz à effet de serre sur la production agricole. Cette démonstration présente un certain nombre de défis intéressants aux plans conceptuel et pratique. L’un des objectifs secondaires est de présenter cette démarche de recherche et de faire un survol de quelques résultats obtenus à travers cet exercice. La problématique de modélisation de la réduction des gaz à effet de serre en agriculture présente un contexte intéressant. On estime qu’au Canada la production agricole était responsable de 9,5 % des émissions totales des gaz à effet de serre en 1990 (Neitzert et al., 1999). Le CO2 est reconnu comme la principale source d’émission pour l’ensemble des secteurs industriels étant donné l’utilisation des hydrocarbures comme source d’énergie dans les processus de production. Mais la composition des émissions de gaz à effet de serre en agriculture a la particularité d’être différente de celle d’autres secteurs industriels ; elle comprend principalement le N2O et le CH4, dans des proportions de 61 % et de 38 %, respectivement, alors que le CO2 ne compte que pour 1 % du total. En outre, la production agricole repose sur des processus biologiques et physiologiques complexes en interaction avec la consommation de ressources et l’environnement naturel. Les processus de production en interaction avec les systèmes environnementaux sont sources d’incertitudes, et l’impact de ces nombreux mécanismes naturels souvent peu connu au plan scientifique. D’où une confusion dans l’analyse économique qui dépend également d’une compréhension physique du terrain. Par exemple, il est fort difficile d’élaborer des moyens d’atténuation des gaz à effet de serre dans ce secteur étant donné les différents types de sols, les pratiques agricoles, la variété des processus impliqués, les conditions climatiques, etc., qui ont diverses manifestations et répercussions dans un pays aussi étendu que le Canada. Une autre difficulté réside dans la définition de l’unité d’analyse. En effet, selon les termes du protocole de Kyoto, les sols en production agricole ne sont pas reconnus comme étant des puits de carbone. Cet aspect fut un point sensible des dernières sessions de négociation et aura un impact déterminant sur les méthodes à adopter dans l’atténuation des gaz à effet de serre en agriculture. Les sections suivantes du chapitre sont structurées comme suit...

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