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P A R T I E 1 Le système électoral 10 – Les élections présidentielles américaines Le moment de l’élection du président des États-Unis a pu être décrit« comme une époque de crise nationale », car « la nation entière tombe dans un état fébrile1 ». Il est vrai que, depuis que George Washington a renoncé à un troisième mandat, l’élection du président a perdu son caractère consensuel et anime – avec plus ou moins de vigueur – la vie politique pendant toute une année électorale. Le contentieux juridictionnel qui a émaillé les élections de 2000 et le face-à-face BushGore ont relancé la controverse sur la pertinence d’un système électoral suranné, issu d’un autre temps. Le processus électoral américain est effectivement alourdi par le poids de l’Histoire. La Constitution américaine s’illustre néanmoins par sa grande plasticité et il est certain que le système imaginé par les constituants de Philadelphie a beaucoup évolué sous l’effet conjugué de l’institutionnalisation des partis politiques, de l’extension du droit de suffrage et de l’expansion des médias. Le texte constitutionnel définit d’ailleurs les conditions d’éligibilit é à la présidence des États-Unis. Ainsi, pour se présenter à la plus haute magistrature du pays, il faut être citoyen américain de naissance2 , être âgé de 35 ans au moins, et avoir demeuré au moins 14 ans aux États-Unis3 et ne pas résider dans le même État que le candidat à la vice-présidence. Au-delà de ces conditions, la Constitution reste marquée par l’évolution de la nation américaine. C’est ainsi que la construction des États-Unis d’Amérique, autour d’un idéal confédéral dans un premier temps, puis d’un schéma fédéral dans un second temps4, a défini le sens et les termes de la désignation du président et 1. Alexis de Tocqueville (1981). De la démocratie en Amérique, Flammarion, tome I, p. 208-209. 2. À juste titre, Marie-France Toinet (1991) explique que cela écarte de jure toute candidature d’Henry Kissinger, dont cela aurait pu en effet être l’ambition. Voir La présidence américaine, Paris, Montchrestien, coll. Clefs, p. 13. Pensant sans doute à l’éventuelle candidature d’Arnold Schwarzenegger, le sénateur Orrin G. Hatch de l’Utah a d’ailleurs déposé un amendement en vertu duquel toute personne naturalisée qui a vécu plus de 20 ans aux États-Unis pourrait être éligible. Voir Kirk Semple (2004), « Schwarzenegger Backs Amending Presidential Rule », The New York Times, 22 février. 3. Aux termes de la constitution, il semblerait que la condition de résidence n’impose pas qu’il s’agisse de 14 années consécutives et précédant le mandat. Pour preuve, Hoover, qui avait mené une longue carrière d’ingénieur à l’étranger, n’était de retour aux États-Unis que depuis 11 ans lorsqu’il fut élu en 1928. Il faut préciser que les citoyens de Guam, Porto Rico et des îles Vierges américaines sont légalement considérés comme « citoyens américains de naissance », tandis que la résidence à Porto Rico ainsi que dans les possessions et territoires américains ne remplit pas les conditions de résidence imposées par la constitution. Voir, sur ce point, Andorra Bruno et Garrine P. Laney (1996), U.S. Insular Areas and Their Political Development, Washington, U.S. Library of Congress, Congressional Research Service, CRS Rapport 96-578GOV, p. 9, 21 et 33. 4. La fédération est un État au sens juridique du terme, formé d’un ensemble d’entités fédérées, doté d’une constitution, d’une souveraineté propre, tandis qu’une conféd ération n’est jamais qu’une association d’États, fondée sur un traité international organisant la mise en commun de compétences données (comme bien souvent la défense et les relations internationales) où les décisions sont prises à l’unanimité. [3.135.216.174] Project MUSE (2024-04-25 07:39 GMT) Le système électoral – 11 de son vice-président5. L’élection du président des États-Unis est aujourd’hui un processus complexe, controversé et onéreux. Il dépasse largement le cadre de l’élection générale qui se déroule tous les...

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