In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

C H A P I T R E Quelques réflexions sur l’apport du socioconstructivisme dans mon cheminement de chercheure et de formatrice Nadine Bednarz Université du Québec à Montréal et CIRADE descamps-bednarz.nadine@uqam.ca 8 [13.59.136.170] Project MUSE (2024-04-18 11:50 GMT) Quelques réflexions sur l’apport du socioconstructivisme 167 La question qui nous avait été posée1 appelait à un témoignage personnel sur l’apport du socioconstructivisme : « En quoi vos travaux comme chercheure, comme formatrice s’inspirent-ils de la perspective socioconstructiviste ? » Il n’est pas aisé pour moi de répondre à cette question, mes premiers travaux de recherche dès 1978 à propos du travail sur la compréhension de la numération au primaire se situant déjà dans une telle perspective. Le constructivisme, le socioconstructivisme comme théorie de la connaissance a toujours servi en quelque sorte de toile de fond à mes recherches ; il a été déterminant dans mes travaux, riche et porteur de développements. Cadre de référence de la chercheure, de la formatrice, il m’a permis de problématiser d’une certaine façon mes recherches et mon intervention, de poser un certain regard, qui a évolué au fil du temps, sur les questions d’apprentissage, d’enseignement des mathématiques, de formation et de développement professionnel des enseignants en mathématiques. Il serait donc extrêmement long de rentrer dans une telle reconstruction de mes différents travaux et de leur évolution. J’ai plutôt choisi de répondre à la question en considérant deux aspects, plus particuli èrement liés à certains de mes travaux de recherche et qui apportent un nouvel éclairage au thème de la journée. Si mon choix s’est arrêté sur ces deux aspects, c’est qu’ils constituent à mon sens des éléments critiques pour la réforme en cours. Le premier aspect touche à l’une des dimensions clés de ce programme , la compétence de communication et plus spécifiquement la compétence de communication à l’aide du langage mathématique ; l’autre concerne l’implantation de ce programme d’études et le questionnement qu’un tel mécanisme d’implantation peut susciter (du curriculum officiel au curriculum appliqué). Je reviendrai d’abord sur les recherches que j’ai menées en lien avec l’utilisation du symbolisme et du langage en enseignement des mathématiques. Puis sur les recherches collaboratives conduites depuis 1990 en enseignement des mathématiques avec des enseignants de différents niveaux scolaires, montrant en quoi elles sont influencées par un cadre de référence socioconstructiviste. Dans 1. À l’occasion de la journée du 23 mars 2002 pour les enseignantes et les enseignants organisée par le CIRADE et l’IDM (UQAM) sur le thème : « Socioconstructivisme et nouveaux programmes d’études ». 168 Constructivisme – Choix contemporains chacun des cas, je ferai un retour sur l’éclairage donné par ces recherches à la compétence de communication, ou sur les questions liées à l’implantation des programmes. 1. Autour du symbolisme et du langage dans l’apprentissage et dans l’enseignement des mathématiques : perspective socioconstructiviste Mes travaux m’ont amenée à m’intéresser, d’une part, à la place du symbolisme dans l’enseignement des mathématiques et à ses effets sur les élèves (voir entre autres Dufour-Janvier, Bednarz et Bélanger, 1986) et, d’autre part, au rôle qu’a joué le symbolisme dans le développement de la pensée mathématique (voir entre autres Bednarz, Janvier, Poirier et Bacon, 1993). Pour plusieurs, la puissance et la force des mathématiques sont indissociables de la précision et de la rigueur du langage mathématique . Cette importance du symbolisme, du langage dans l’enseignement des mathématiques a souvent conduit : • à une insistance à parler des mathématiques en adoptant une terminologie acceptée dans le jeu du langage en vigueur dans la communauté ; • à l’usage restreint dans d’autres contextes de ce langage par les élèves ou les enseignants en formation, limites qui se traduisent par des difficultés d’expression, par des hésitations, par une inaptitude à recourir aux métaphores ; • à une rigidité dans l’emploi du langage utilisé, laquelle se manifeste par le caractère strict de ce langage (Bauersfeld, 1994). Ce questionnement préalable sur la situation mène au constat que dans cette perspective usuelle le symbolisme devient l’élément central de...

Share