-
Les dimensions cachées dans la société des connaissances : Les problèmes du sous-emploi et la formation informelle
- Presses de l'Université du Québec
- Chapter
- Additional Information
Les dimensions cachées dans la société des connaissances Les problèmes du sous-emploi et la formation informelle David W. Livingstone INTRODUCTION Les conditions de travail et d'apprentissage semblent en évolution rapide au sein de la société canadienne. L'une des hypothèses très discutées au sujet du travail et de l'apprentissage est qu'une culture d'apprentissage-à-vie doit être créée lorsque les nouveaux emplois demandent de plus en plus de connaissances et de compétences. Cela semble nécessaire pour que le Canada et les Canadiens puissent continuer de réussir dans le contexte d'un monde devenant de plus en plus centré sur l'information. En pratique, toute politique publique est concernée par cette hypothèse. Notre étude examine donc cette problématique reliée au travail et à l'apprentissage. LES SPHÈRES DU TRAVAIL ET DE L'APPRENTISSAGE Les études sur le travail et l'apprentissage souffrent d'une approche très limitée des deux phénomènes. Dans les sociétés industrialisées, il existe au moins trois sphères distinctes de la notion de travail : l'emploi rémunéré, le travail à domicile et le travail bénévole communautaire. Par ailleurs, quatre sphères d'apprentissage peuvent être distinguées, soit : la formation initiale (l'école), l'éducation aux adultes ou la formation continue, la formation informelle et l'apprentissage autodidacte (Livingstone, 2001). Pour mieux comprendre le caractère variable des relations qui existent entre le travail et l'apprentissage, il faut tenir compte du travail non rémunéré et de l'apprentissage informel autant que de l'emploi et de l'éducation (Livingstone, 2002). 188 La nouvelle économie L'on n'apprécie pas à sa juste valeur le fait que l'apprentissage informel soit très important pour le succès au travail. Des études récentes confirment que la plupart des apprentissages reliés au travail sont acquis de façon informelle (Betcherman, Leckie et McMullen, 1997; Center for Workforce Development, 1998). C'est avec une combinaison de formation initiale suivie par la formation continue et l'apprentissage informel que la grande majorité des employés arrivent à être suffisamment qualifiés pour assumer leurs tâches. Cependant, le discours dominant concernant le besoin de créer des « organisations apprenantes » ignore l'interactivité entre la formation structurée, l'apprentissage informel et la performance dans le lieu de travail. On suppose plutôt que le défi central quant à l'amélioration de la performance de l'entreprise repose sur les employés qui sont ou ne sont pas motivés à apprendre. D'ailleurs, les institutions ne reconnaissent pas, voire même découragent, le transfert de connaissances et le partage de talent entre les quatre sphères d'apprentissage et les trois sphères de travail. Les recherches sur le travail et l'apprentissage exigent une intégration des conceps qui permettrait de reconnaître toutes les sphères essentielles du travail et de l'apprentissage et leurs multiples relations. Cette perspective doit respecter les expériences et les besoins de tous les groupes d'employés. À partir de cette approche, nous avons mené le premier sondage canadien sur l'apprentissage informel (NALL, 1999), qui servira de base à notre démonstration'. D'abord, nous entamerons une réflexion sur l'existence d'une « société de l'apprentissage » en évaluant sa correspondance avec la notion d'« économie du savoir ». Ensuite, nous présenterons des résultats qui documentent l'incidence de l'apprentissage informel sur l'emploi. À notre avis, les chercheurs et les responsables de l'élaboration de politiques cherchant des pistes pour une réforme économique profiteraient d'une approche qui envisagerait une plus grande exploitation des connaissances acquises et des compétences d'apprentissage des employés. Cela permettrait de ne pas insister outre mesure sur les solutions éducatives pour résoudre des problèmes essentiellement économiques. 1. La source primaire de données que nous utiliserons est constituée des résultats du sondage national sur l'apprentissage. Ce sondage offre un aperçu unique sur un grand nombre d'activités d'apprentissage de la population adulte canadienne. Le sondage NALL de 1998 sur l'apprentissage de la population adulte est le premier sondage pancanadien de grande envergure et le plus détaillé qui ait été fait à ce jour pour examiner la panoplie de méthodes qu'emploient les adultes pour apprendre, ce qui comprend...