La nouvelle économie: Où ? Quoi ? Comment ?

Nouvelles formes de travail, nouvelles modalités d'apprentissage dans l'économie du savoir : Que nous apprend le cas du multimédia au Québec ?

Nouvelles formes de travail, nouvelles modalités d'apprentissage dans l'économie du savoir Que nous apprend le cas du multimédia au Québec ? Diane-Gabrielle Tremblay INTRODUCTION Les technologies de l'information et des communications (TIC) entraînent des changements importants dans le travail de plusieurs groupes et, en particulier, dans le travail des personnes travaillant dans les secteurs où ces technologies sont au centre des tâches, comme c'est le cas dans le secteur du multimédia (conception de contenus, de sites, etc.). Ceci se traduit par des changements importants qui renvoient à ce que plusieurs appellent aujourd'hui l'économie ou la société des connaissances. Comme nombre d'autres régions du globe, le Québec et le Canada se sont retrouvés dans un contexte caractérisé par ce que plusieurs appellent l'économie de la « connaissance ou du savoir ». Les domaines du multimédia et des TIC font partie de ce secteur de l'économie de la connaissance ou du savoir. Or, on observe dans ce secteur une transformation considérable des manières d'apprendre, alors que le développement des compétences et la gestion de la connaissance y sont considérablement transformés, comme c'est le cas dans d'autres secteurs faisant fortement appel à l'organisation par projets (les secteurs dits «project-based »). La transformation est d'autant plus importante que le secteur est caractérisé par une mobilité relativement forte des employés. Dans ces secteurs comme dans d'autres secteurs fondés sur les « projets », le développement ou l'intelligence de l'entreprise est fonction de la qualité des « réseaux de compétences » qui la constituent et non pas des compétences de chacun des employés (Le Boterf, 1994:140). Dans cette perspective, les individus développent leurs compétences et l'industrie semble aussi développer ses compétences à travers la mobilité, mais il est souvent difficile pour les entreprises de développer ces compétences à leur avantage. Ajoutons que les fournisseurs et sous-traitants sont de plus en plus intégrés au réseau des compétences de 160 La nouvelle économie l'organisation, ce qui pose des défis non négligeables pour l'employeur qui veut préserver la confidentialité de certains travaux, mais aussi pour celui qui veut développer les compétences individuelles et collectives de son personnel. De fait, dans un tel contexte, « la qualification et l'efficacité collective de l'entreprise dépendent largement de sa capacité à mettre en commun des savoir-faire différents, à gérer la complexité et l'hétérogénéité du savoir qui y est distribué » (Le Boterf, 1994:140). Malgré les défis que l'on peut clairement identifier du point de vue de la transformation du marché du travail, du développement des compétences et de la relation formation-emploi, il nous semblait que ce secteur avait fait l'objet de peu de recherches. Pour cette raison, nous avons voulu nous pencher sur ce secteur, du point de vue de l'apprentissage et du développement des compétences. Nous nous sommes intéressée aux changements dans les situations de travail des individus dans ce secteur de la nouvelle économie, ceci entraînant des changements importants dans les carrières des individus', ainsi que dans les modalités de formation, et pour être plus juste, nous dirions dans les modalités d'apprentissage des individus. En effet, il s'agit moins de formation ou d'enseignement à leur intention, que de modes d'apprentissage actif et collaboratif qui leur permettent de maintenir leurs connaissances a jour dans un secteur où celles-ci évoluent sans cesse. De ce fait, la relation formation-emploi se trouve profondément transformée, puisqu'il faut parler d'autoformation ou d'apprentissage (Tremblay, Thellen et Richer, 2002), et encore plus, comme nous le verrons, d'apprentissage dont la source se trouve souvent dans le travail lui-même et en particulier dans le travail en collaboration avec d'autres. Ceci s'inscrit dans le contexte des nouvelles approches de l'apprentissage organisationnel et des carrières et avant de passer aux résultats de notre recherche, nous présentons quelques éléments de problématiques, notamment en ce qui concerne les nouvelles carrières. CADRE THÉORIQUE Nous nous concentrerons ici sur quatre dimensions, soit un aperçu des nouvelles théories de l'apprentissage qui semblent bien traduire le passage...