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LA LOI 112, PRODUIT D’UNE MOBILISATION CITOYENNE La loi 112 est le produit d’une longue tradition de lutte allant des associations pour la défense des droits sociaux (ADDS), nées au cours des années 1970, à Solidarité populaire Québec (SPQ). Fondée en 1985, cette coalition nationale d’organismes communautaires, populaires et syndicaux luttant pour l’amélioration des conditions de vie et de travail au Québec se définit comme un «lieu de réflexion et de concertation». Constituée d’un ensemble de groupes, SPQ optepour«unevisionpolitiquealternativefondéesurlasolidaritésocialeplutôt que sur des priorités dictées par les lois du marché». Les préoccupations sousjacentes àce«projetd’unesociétéplusdémocratique»s’arrimentauxsolidarités sociales et à la défense des droits individuels et collectifs. Les actions de SPQ sont structurées autour du maintien des acquis sociaux et de la promotion des droits sociaux et économiques des individus1 . Ce travail de sensibilisation de la population à l’importance des droits est poursuivi de manière décentralisée, à travers des organisations populaires et des coalitions régionales. En 1987, SPQ a organisé ce qu’elle appelle «une première commission populaire sur le désengagement de l’État», puis une commission itinérante en 1990 sur le thème «Le Québec qu’on veut bâtir»2 . Elle a enfin adopté la charte d’un Québec populaire en 1994 comme un engagement à «contrer l’exclusion et à promouvoir des principes de justice et de démocratie réelle». Au cours des élections de 1998, elle s’est mobilisée 7 C H A P I T R E 1. Info-SPQ, 19 février 1998. 2. Selon les chiffres avancés, 1400 personnes représentant plus de 350 organismes ont participé à la seconde consultation dans toutes les régions du Québec. 226 CITOYENNETÉ ET PAUVRETÉ autour de deux grands enjeux: un bon gouvernement «porteur d’un projet de société basé sur l’équité et la justice sociale» et un «changement social fondé sur la redistribution de la richesse et l’élimination de la pauvreté3». Son objectif est d’apporter un contenu concret et réel aux notions de solidarité et de démocratie. L’adoption de la charte d’un Québec populaire, assise d’un «projet de société, démocratique et solidaire», a fait beaucoup avancer la réflexion sur la lutte contre la pauvreté. Toutefois, c’est la Marche des femmes organisée en 1995 par la Fédération des femmes du Québec (FFQ) qui a donné forme à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Du 26 mai au 4 juin 1995, des centaines de femmes ont parcouru plus de 200 km à pied, exigeant «du pain et des roses». Elles ont déposé au parlement du Québec dix revendications , dont le refinancement des infrastructures sociales comme moyen de créer des emplois pour les femmes. L’organisation de cette marche contre la pauvreté n’a pas seulement contribué à dénoncer le discours économique néolibéral perçu comme une source d’augmentation de la pauvreté chez les femmes; elle a aussi donné au mouvement des femmes un nouveau souffle. En raison du grand succès médiatique, politique et populaire qu’elle a connu, cette marche a, plus que tout autre mouvement, ramené la problématique de la pauvreté sur la place publique et sensibilisé l’opinion nationale aux conséquences d’une politique néolibérale génératrice d’exclusion et de pauvreté. LA «BATAILLE DE L’AIDE SOCIALE» Les dissensions qui ont mené à la présentation de deux rapports sur la réforme de l’aide sociale en 1996 comme nous l’avons précédemment montré ont, tout au long du processus, résulté en des situations conflictuelles entre le gouvernement du Québec et plusieurs groupes de citoyens, conflictualité qui a été baptisée la «bataille de l’aide sociale». Dans la perspective gouvernementale, la réforme de l’aide sociale s’inscrit dans le cadre d’une politique de développement économique, social et humain fondée sur les valeurs sociales, de même que sur les idéaux et les principes communément partagés. Des programmes, des mesures et des services ont été mis en place afin de favoriser l’autonomie économique et sociale des personnes démunies et de les aider dans les démarches d’insertion ou de réinsertion en...

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