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Reconversion économique et développement territorial CHAPITRE QUE GOUVERNENT LES MÉTROPOLES ? RÉGULATION POLITIQUE ET TRANSFORMATION DES ÉTATS EN EUROPE1 Bernard JOUVE2 9 La globalisation des échanges de tous or dres et la r ecomposition1des États-nations constituent des processus qui conduisent à une2redéfinition des lieux centraux. Cette redéfinition s’exprime aussi bien en termes politiques , économiques, cultur els que géographiques. La métr opolisation, appréhendée dans une perspective transversale à ces dif férentes dimensions , et non pas uniquement géographique et territoriale, peut être comprise à la fois comme le processus et la notion résumant cette dynamique globale. Les villes inscrites dans les réseaux d’échanges internationaux, 1. Ce chapitre repose sur un certain nombr e de données empiriques qui ont été rassembl ées dans un ouvrage collectif : B. Jouve et C. Lefèvr e (dir.) (2002). Métropoles ingouvernables , Paris, Elsevier, collection « SEPT ». J’emprunte certaines de ces données à F. Di Ciommo sur Milan, M. Kleinman sur Londr es, C. Lefèvre sur Paris, P. Terhost sur Amsterdam, J.M. Rodriguez-Alvarez sur Madrid. Je les r emercie d’avoir participé au programme de recherche, financé par l’action concertée incitative V ille (Ministère de la Recherche – France) qui a permis de pr oduire ce livre. L’interprétation et l’analyse de ces données n’engagent bien entendu que l’auteur de ce chapitr e. 2. jouve.bernard@uqam.ca 184 Reconversion économique et développement territorial Reconversion économique et développement territorial participant à l’économie d’archipel (Veltz, 1996), et cela, quels que soient leur taille démographique et leur rang dans le réseau urbain national ou régional, représentent les territoir es où les enjeux sociétaux majeurs prennent actuellement place. Les phénomènes d’exclusion sociale ne datent certes pas des années 1990, mais, for ce est de constater , qu’ils prennent une nouvelle dimension et qu’ils se transforment (Fontan, 1997). Les questions r elatives au développement durable, véritable bombe à retardement des sociétés contemporaines, af fectent l’ensemble des espaces mais concernent plus dir ectement les métropoles dans la mesur e où elles sont à la fois, et sans doute encor e davantage que dans le passé du fait de la logique réticulair e qui les structure, les lieux de pr oduction de richesse, de pollution de tout ordre, d’émergence de nouvelles habitudes de consommation individuelle et collective et de r edéfinition du rapport au travail. Les métropoles sont également les territoir es dans lesquels se définit la double problématique de la mixité sociale et de l’intégration des minorités ethniques, nationales, linguistiques, sexuelles. Cette pr oblématique est traitée selon des modalités dif férentes en fonction des traditions politiques nationales (modèle républicain versus modèle communautariste ), mais il r este que c’est au sein des métr opoles que le rapport à la citoyenneté se construit et se transforme actuellement (Scott, 2001). Ce diagnostic est très largement partagé aussi bien dans la communaut é scientifique, au sein de la classe politique nationale et locale, que dans les médias. Vouloir traiter, en termes académiques, de cette dynamique métropolitaine n’est d’ailleurs pas chose aisée tant le Savant et le Politique finissent par avoir sur la question des approches identiques. On en vient en ef fet à confondre discours savant et politique et à admettr e comme parfaitement r ecevable l’hypothèse – très souvent d’ailleurs transformée en postulat – selon laquelle les métr opoles sont en passe de devenir les territoir es politiques majeurs et dominants du siècle qui s’ouvre. À partir des travaux de M. W eber et des historiens s’étant focalis és sur la constr uction de l’ordre politique national (Tilly et Blockman, 1994 ; Dilcher et al., 1998), on en vient même, quitte à travestir les pr opos de ces auteurs, à diagnostiquer un nouvel âge d’or des villes, au détriment du construit sociopolitique historiquement concurr ent : l’État. Cette œuvre de déconstr uction de l’État est alimentée par des auteurs aux corpus disciplinaires très différents et aux trajectoires intellectuelles également très variées : néomarxiste (Harvey, 1989), postfordiste gramscien (Jessop, 2000), néolibéral (Ohmae, 1995), régulationniste (Benko et Lipietz, 2000), postmoderniste (Borja et Castells, 1997) ; tous aboutissent au m...

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