-
Chapitre 5_Reconversion industrielle et société civile : PRINCIPAUX DÉFIS
- Presses de l'Université du Québec
- Chapter
- Additional Information
Reconversion économique et développement territorial CHAPITRE RECONVERSION INDUSTRIELLE ET SOCIÉTÉ CIVILE PRINCIPAUX DÉFIS Benoît Lévesque1 5 Pour bien saisir les défis spécifiques aux r econversions industrielles à partir de la société civile, il serait nécessair e de les compar er avec les autres formes de r econversion, soit celles réalisées sous l’action« spontanée » du mar ché, soit celles initiées par les pouvoirs publics. Comme il est impossible de pr océder à une telle comparaison dans le cadre de ce court exposé, nous nous limiter ons à avancer au moins deux hypothèses que nous tenter ons d’expliciter : d’abord, que nous sommes entrés dans une èr e particulièrement fertile en r econversions industrielles , soit une période de « destructions créatrices », selon l’expression de Schumpeter ; ensuite, que ces r econversions sont pour la plupart volontaristes, de sorte que les initiatives que nous examiner ons se distinguent moins par leur volontarisme que par les modalités de participation de la société civile, modalités qui entraînent des spécificités au plan notamment de la gouvernance et de la mobilisation des r essources.1 1. levesque.benoit@uqam.ca 102 Reconversion économique et développement territorial Reconversion économique et développement territorial Si le terme « reconversion industrielle » désigne aussi bien le r emplacement de certaines industries par d’autr es sur un territoir e bien identifié (par exemple, le r emplacement d’industries militair es par des industries orientées vers le secteur civil) que le r epositionnement de certaines industries, comme celle du vêtement bas de gamme vers le vêtement haut de gamme, nous pouvons af firmer que les r econversions se sont multipliées plus que jamais au cours des deux dernièr es décennies. Dans cette perspective, les études tendent à montr er que nous sommes en présence d’une véritable reconfiguration des systèmes de production qui entraîne une multitude de reconversions industrielles (Hollingsworth et Boyer, 1997 ; Porter, 1990 ; Piore et Sabel, 1984). Dans un contexte d’ouverture des marchés et avec le potentiel des technologies de l’information et de la communication (TIC), les grandes et moyennes entr eprises se sont ainsi : • recentrées sur leur métier principal, donnant en impartition les fonctions jugées périphériques et créant ainsi ce que plusieurs appellent les entreprises réseaux et des avantages liés à la pr oximité ; • modernisées au plan des technologies et de l’organisation, à travers de nouveaux modes de gestion, de nouvelles formes d’organisation du travail, de nouvelles modalités de coor dination et de gouvernance. L’ouverture des frontières a avivé la concurr ence plus que jamais, puisque les meilleures entreprises et les meilleurs pr oduits d’une économie nationale donnée sont désormais en concurr ence avec les meilleurs du monde entier. Par conséquent, à moins d’occuper des niches bien spéci- fiques (et encore), la seule façon pour ces entr eprises de survivre, c’est d’innover en permanence au plan des technologies comme aux plans organisationnel et institutionnel, ce qui ouvr e tout le domaine des innovations sociales (Riboud, 1987). Ce faisant, les dirigeants d’entr eprise se préoccupent désormais moins des seuls coûts de transaction que des coûts d’innovation et d’adaptation qu’il faut partager à travers divers partenariats, y compris avec la société civile (Hage et Alter, 1997). C’est pourquoi les facteurs de localisation incluent maintenant, non seulement l’accès au capital, mais aussi la présence d’un capital social, d’un climat de coopération, d’institutions de formation et de recherche (Landry, Lamari et Nimijean, 1999). Combinés à la recherche de flexibilité et d’intégration, les facteurs extraéconomiques et intangibles, voir e invisibles, de même que les interdépendances non marchandes sont de plus en plus mobilisés par les entreprises innovantes et deviennent également souvent déterminants pour les r econversions et les r elocalisations (Veltz, 1996 ; Greffe, 1992). Disons-le tout de suite, ces facteurs extraéconomiques et ces inter d épendances non marchandes mobilisés par les entreprises les plus innovatrices relèvent en grande partie de la société civile et sont ancrés dans [3.80.129.195] Project MUSE (2024-03-28 23:24 GMT) Reconversion industrielle et société civile 103...