-
Chapitre 6_Intégration scolaire et sociale des élèves ayant des troubles de comportement
- Presses de l'Université du Québec
- Chapter
- Additional Information
1. Cette étude a été rendue possible grâce à des subventions octroyées par le Fonds pour la formation de chercheurs et l’aide à la recherche (FCAR), le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), l’Institut universitaire de Québec sur les jeunes en difficulté et le Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES). C H A P I T R E 6 Intégration scolaire et sociale des élèves ayant des troubles de comportement Qualité de l’intégration scolaire et sociale en classe ordinaire d’élèves du primaire présentant des troubles de comportement1 Nadia Desbiens Université de Montréal nadia.desbiens@umontreal.ca Égide Royer Université Laval egide.royer@fse.ulaval.ca Richard Bertrand Université Laval richard.bertrand@fse.ulaval.ca Laurier Fortin Université de Sherbrooke laurier.fortin@usherbrooke.ca 134 Vaincre l’exclusion scolaire et sociale des jeunes RÉSUMÉ Le système scolaire québécois préconise l’intégration scolaire en classe ordinaire des élèves qui présentent des difficultés d’adaptation et d’apprentissage. Bien que le principe d’intégration soit reconnu depuis une vingtaine d’années, il est étonnant de constater le peu d’études concernant l’impact de cette modalité sur l’adaptation scolaire et sociale des élèves. Les auteurs présentent un portrait de la qualité de l’intégration scolaire et sociale en classe ordinaire d’élèves du primaire manifestant des troubles de comportement. Cinquante-quatre élèves de la troisième année identifiés en troubles de comportement par l’école (TC) ont été comparés aux autres élèves de leur classe sur plusieurs dimensions du fonctionnement scolaire et social, notamment le rendement scolaire, le statut sociométrique, les relations d’amitié avec les camarades de classe et la réputation sociale auprès des pairs. Les résultats de l’analyse comparative entre les enfants des deux groupes (TC et NTC) indiquent que les élèves ayant des troubles de comportement se différencient des autres élèves sur plusieurs des mesures d’adaptation scolaire et sociale sauf en ce qui concerne la perception de soi. Ces élèves sont perçus comme de moins bons élèves autant sur le plan du rendement scolaire que sur celui des conduites en classe. Malgré des difficultés relationnelles considérables avec les pairs, la plupart d’entre eux arrivent toutefois à établir des relations d’amitié avec certains camarades de classe. À cet égard, les analyses montrent que les élèves du groupe TC tendent à s’associer à des pairs ayant des« affinités » avec eux sur le plan de leurs attitudes et de leurs comportements en classe, entre autres sur le plan des conduites agressives. Ces relations amicales pourraient contribuer au maintien et à l’aggravation des conduites agressives et opposantes et au renforcement de leur marginalité par rapport au groupe de pairs. La discussion porte sur l’importance de considérer les relations d’amitié dans le développement d’interventions destinées aux élèves présentant des troubles de comportement. [3.238.142.134] Project MUSE (2024-03-28 12:58 GMT) Intégration scolaire et sociale des élèves ayant des troubles de comportement 135 La première partie de cet article traite des connaissances actuelles concernant les enfants qui manifestent des difficultés de comportement. La seconde partie du document présente les résultats d’une étude portant sur la qualité de l’intégration scolaire et sociale en classe ordinaire d’élèves du primaire manifestant des difficultés de comportement. 1. QUALITÉ DE L’INTÉGRATION SCOLAIRE ET SOCIALE EN CLASSE ORDINAIRE La préoccupation du milieu scolaire à l’égard des élèves qui manifestent des problèmes de comportement en classe et à l’école s’est accrue au cours des dernières années. Parmi les éléments ayant pu y contribuer, signalons le nombre sans cesse grandissant de jeunes en difficulté. Au primaire, le nombre d’élèves ayant des troubles de comportement a triplé au cours des quinze dernières années (MEQ, 2000), passant de 0,78 % en 1984-1985 à 2,50 % en 1999-2000 (de 4170 à 14 145 en chiffres absolus). Ces statistiques ne reflètent toutefois que partiellement l’ampleur réelle du phénomène. Sur le terrain, les milieux scolaires confirment que, par manque de temps et de ressources, seuls les cas d’élèves pour...