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© 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Le territoire pensé, Sous la direction de Frédéric Lasserre et Aline Lechaume, ISBN 2-7605-1224-X Il ne chercha pas d’alibi au contraire il scrutait le paysage où s’incruster épouseur du lieu. Aimé Césaire, Références CHAPITRE PERCEPTION DU PAYSAGE ET IDENTITÉ TERRITORIALE À LA MARTINIQUE Aline Lechaume Géographe Université Laval et Université de Paris IV -Sorbonne 9 La société martiniquaise est une société du détour : une forte proportion de ses habitants a vécu ou passera quelques années, voir e plusieurs décennies, en exil, en métr opole surtout. Mais cette île de l’ar chipel des Petites Antilles (voir carte 1), celle que l’on surnomme «l’île des revenants» est également celle de l’inévitable r etour. La majorité des ex-îlés revient, au terme d’une étape de leur vie – fin d’études, chômage, séparation, retraite – en Martinique. Même si ce phénomène de r etour n’est pas sans poser de problèmes de réadaptation pour ceux que l’on appelle, non sans ironie, les négropolitains, il apparaît pr esque incontournable. Car pour les insulaires, l’île est le lieu par excellence, le lieu central, unique, au-delà du détour. Et pour compr endre ce lieu, et leur enracinement en ce lieu, il faut nécessairement se détacher des schémas préétablis pour entr er au cœur des gens, au cœur de leur terr e. 160 Le territoire pensé© 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Le territoire pensé, Sous la direction de Frédéric Lasserre et Aline Lechaume, ISBN 2-7605-1224-X FIGURE 9.1 La Martinique et le monde Source : Lechaume, Aline (2002). [18.216.32.116] Project MUSE (2024-04-20 16:24 GMT) Perception du paysage et identité territoriale à la Martinique 161© 2003 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Le territoire pensé, Sous la direction de Frédéric Lasserre et Aline Lechaume, ISBN 2-7605-1224-X Les Martiniquais sont ici abor dés dans leur rapport au territoir e insulaire. Ce rapport résulte de la per ception du territoire, du saisissement de l’environnement, saisissement qui s’ef fectue par le tr uchement des sens, et qui découle sur une véritable appr opriation du territoire : les Martiniquais ne subissent pas cet « exil intérieur » sur lequel Affergan (1983, p. 3) insistait tant. Certes, le pr ocessus a été long et dif ficile dans la mesure où « l’esclave déporté à l’origine a per du sa terr e ; celle des Antilles, qu’il a travaillé en esclave étranger , il lui a fallu du temps pour s’y acclimater et la r evendiquer pour sienne » (Suvélor, 1983, p. 2175). Faute de connaître l’origine de la terr e, il a fallu se bâtir une histoir e, se construire des mythes pour constr uire son appartenance au territoir e. Il a fallu mar quer les lieux pour parvenir à s’identifier à ce sol. Françoise Péron (1993, p. 16) voit dans ce pr ocessus une spécificité des milieux insulaires : Les îles se prêtent surtout à la mise en œuvre d’une géographie culturelle , centrée sur la façon dont les sociétés se constr uisent des territoires , confèrent un sens à l’espace et se définissent par rapport à un univers de r eprésentations mentales qui leur est pr opre et qu’elles inscrivent dans le paysage qu’elles sécrètent. Dans le cas des îles, le paysage a été si longuement travaillé et sanctifié par les générations qui s’y sont succédé qu’il finit par êtr e tout entier signes et significations , aussi bien dans son ensemble que dans le moindr e de ses détails. Le visiteur d’aujourd’hui, sans s’en rendre...

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