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© 2002 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Développement local, économie sociale et démocratie, M. Tremblay, P.-A. Tremblay et S. Tremblay (dir.), ISBN 2-7605-1182-0 C H A P I T R E 9 L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE Une alternative au libéralisme? Éric Dacheux et Daniel Goujon Université Jean-Monnet Institut universitaire de technologie de Roanne (France) GRIL (Groupe de recherche sur les initiatives locales) Que faire devant la domination sans partage d’un modèle libéral générateur d’inégalités toujours plus profondes et de frustrations toujours plus fortes faisant le lit de la violence et du terrorisme ? Bien évidemment, il n’y a pas de réponse simple et unique à cette interrogation d’actualité. Parmi les solutions envisagées, une retient particulièrement l’attention des organisations de la société civile : établir face à la globalisation de la finance et des inégalités une globalisation de la solidarité. C’est sur ce thème que s’est tenu à Québec, du 9 au 12 octobre 2001, un congrès mondial (le deuxième) réunissant plus de 400 acteurs (élus, entrepreneurs , chercheurs, responsables associatifs, etc.) venus de cinq continents (Amérique du Sud, Europe, Asie, Afrique, Amérique du Nord). L’idée centrale de ces acteurs est de prendre appui sur des expériences innovantes de développement économique local durable fondées sur la coopération des acteurs et la volonté de soumettre les contraintes financi ères à des impératifs de développement personnel et collectif (Dacheux, 2001). En s’appuyant sur la société civile et l’État, il s’agit de faire émerger un nouveau modèle de développement permettant de 182 Développement local, économie sociale et démocratie© 2002 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Développement local, économie sociale et démocratie, M. Tremblay, P.-A. Tremblay et S. Tremblay (dir.), ISBN 2-7605-1182-0 rééquilibrer l’économie de marché par une économie solidaire. Mais qu’est-ce que l’économie solidaire ? On distingue deux analyses de ce phénomène. Une lecture socioéconomique selon laquelle l’économie solidaire est une économie hybride qui assure le financement de projets sociaux en croisant un financement par le marché, du bénévolat et des aides des collectivités territoriales (Eme et Laville, 1995). Ces projets sociaux prennent des formes multiples (régies de quartier, systèmes d’échanges locaux, jardins de cocagne, etc.) et sont mis en œuvre par des acteurs divers qui, ne limitant pas l’économie à l’échange monétaire, cherchent à dépasser les situations d’exclusion au profit d’un lien de solidarité voulu qui favorise l’invention sociale. On peut également faire une seconde lecture qui consiste à analyser l’économie solidaire comme étant une économie relationnelle et territorialisée (Dacheux et Goujon, 2000). Relationnelle, puisqu’elle se fonde sur la coconstruction de l’offre et de la demande, réclame de la confiance et de l’entraide et ne se con- çoit que dans un projet collectif. Territorialisée, car elle prend appui sur les richesses du territoire, met en relation tous ceux qui désirent contribuer à son développement et offre un cadre d’action permettant de canaliser les énergies. Si l’on s’en tient à cette seconde acception, l’économie solidaire est tout à la fois l’une des formes de résistance à l’ultralib éralisme et l’une des nouvelles forces (ascendantes) du développement local. Cette force, parce qu’elle part des initiatives citoyennes et cherche à créer des synergies entre des logiques d’action différentes, est d’un apport non négligeable au développement local, notamment en matière de création de lien social. Elle participe donc, au niveau local, à l’exercice de la politique de lutte contre l’exclusion engendrée par les mécanismes du marché (première partie). Cependant, en localisant et en traitant presque exclusivement les problèmes de l’exclusion de façon sociopolitique, elle néglige le caractère macroéconomique, systémique du problème. Ce qui la conduit davantage à gérer l’exclusion qu’à la r...

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