In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

C H A P I T R E 4 LE DÉBAT SUR L’INTERVENTION DE L’ÉTAT Comme nous l’avons relevé précédemment, le présent ouvrage et l’ensemble des travaux ne mettent pas en cause l’existence des résidences privées, ni leur légitimité, mais questionnent le rôle de l’État, notamment son rôle régulateur, en situant le débat dans une perspective d’éthique publique (Day, 1996 ; Rocher, 1996 ; Giroux, 1997 ; Boisvert, 1997). Les faits et les valeurs analysés dans les trois chapitres précédents forment une toile de fond qui sous-tend et oriente le procédé d’analyse et d’élaboration des politiques sociales (Clark, 1993 ; Dumont, 1994 ; Rocher, 1996). Ce dernier chapitre constitue donc une synthèse critique des donn ées recueillies établie à la lumière des principes directeurs et hypothèses qui ont inspiré notre démarche. Nous proposons ici une lecture et une interprétation de ces résultats. Quels sont les principaux constats qui émanent de ces travaux ? Peut-on mieux définir et cibler les grands enjeux que soulève l’expansion d’un secteur privé d’hébergement pour les personnes âgées ? Finalement, l’État doit-il intervenir pour réguler les résidences privées et, dans ce cas, quelles orientations doit-il donner aux futures politiques sociales ? 138 PRIVER OU PRIVATISER LA VIEILLESSE ? 4.1. DIVERGENCE OU CONSENSUS SOCIAL: LES CONSTATS 4.1.1. LE PRIVÉ ET LE PUBLIC : DEUX LOGIQUES, DEUX CULTURES Les résultats quantitatifs et qualitatifs permettent de conclure, dans un premier temps, qu’il y a consensus entre les acteurs concernés, ceux du privé et du public, quant à la vulnérabilité des clientèles hébergées. L’hypothèse évoquée au début de l’étude est ainsi confirmée en ce qui a trait à la dimension « santé » ou à l’« autonomie fonctionnelle », mais infirmée eu égard à la vulnérabilité économique et psychosociale. Ainsi, les participants à l’étude reconnaissent que 75 % de la clientèle en résidence privée est âgée de plus de 75 ans et que plus de la moitié serait en perte d’autonomie. Le pourcentage estimé de résidents en perte d’autonomie oscille entre 25 à 50 % et 50 à 75 % (tableau 8) ; un écart qui peut être attribué à l’interprétation du concept même de» perte d’autonomie». Toutefois, contrairement aux intervenants du secteur public, les propriétaires de résidences privées jugent qu’une plus faible proportion de personnes âgées vivant en résidences privées, moins de 25 %, sont démunies financièrement et isolées socialement. Il est particulièrement intéressant de constater que le jugement porté sur la vulnérabilité de la clientèle appelle des interprétations différentes selon les acteurs. La présente étude vient ainsi mettre en évidence que l’analyse de la situation des résidences privées, faite par les acteurs du réseau public et du secteur privé, ne s’inscrit pas dans une logique commune et partagée. Elle donne lieu à deux lectures de la réalité, bien qu’il y ait quelques éléments communs comme la reconnaissance d’une clientèle en perte d’autonomie. Pour expliquer le phénomène, reprenons les principaux constats et tentons de comprendre comment s’articulent ces deux perceptions , qui renvoient à des « cultures ». Les gestionnaires et intervenants du réseau de la santé et des services sociaux s’inquiètent de l’alourdissement des clientèles du privé et en attribuent largement la responsabilité à l’État. Ils apparaissent inquiets des conditions de vie en résidence ; ce qui se traduit par l’attribution de scores significativement plus bas que ceux octroyés par les propriétaires pour le respect des droits des résidents et le niveau actuel de protection (voir les tableaux 9 et 10). Leurs propos relatent l’existence de rapports de dépendance aux plans économique et affectif entre les résidents et les propriétaires , surtout dans les petites résidences. Selon eux, ces situations sont propices à l’émergence d’un haut risque de maltraitance. Les acteurs du réseau public font-ils de la projection ? En fait, il y a lieu de se demander [18.117.158.47] Project MUSE (2024-04-20 06:28 GMT) LE DÉBAT SUR L’INTERVENTION DE L’ÉTAT 139 dans quelle mesure la d...

Share