La formation en alternance: État des pratiques et des recherches

Introduction_Diversité des formations en alternance

Introduction 1 INTRODUCTION Diversité des formations en alternance Carol Landry1 Université du Québec à Rimouski (carol_landry@uqar.qc.ca) 1. Je tiens à remercier très sincèrement Pauline Provencher, professionnelle de recherche, pour son aide précieuse et la qualité de son travail dans le suivi du processus d’évaluation des textes et la mise en forme de cet ouvrage. Introduction 3 Les formations en alternance, qui allient séjours en entreprise et périodes d’études en établissement de formation, se multiplient et s’introduisent de plus en plus dans les programmes de type professionnel, autant en formation initiale qu’en formation continue. Au Québec, depuis 1986, l’alternance est surtout connue sous le vocable général d’alternance travail-études (ATE). Ce type de formation avait toutefois commencé bien auparavant sous l’appellation d’enseignement coopératif en milieu collégial et universitaire. Ailleurs, autant en Amérique qu’en Europe, ce phénomène interpelle la plupart des systèmes éducatifs et donne lieu à la construction de multiples dispositifs visant des populations et des finalités différentes. Devant ces situations complexes, nous avons voulu faire le point en réunissant, dans ce collectif, les textes de dix-sept chercheurs de plusieurs pays qui analysent les pratiques et les recherches en cours à propos de l’alternance comme mode d’organisation de la formation ou à titre de stratégie pédagogique. Le collectif comporte trois grandes parties. La première partie compte cinq chapitres qui analysent l’évolution et la situation actuelle des formations en alternance dans quatre pays. Le premier chapitre, sous la direction de Carol Landry et d’Élisabeth Mazalon, porte sur une analyse sociopolitique de la construction de l’alternance sous statut scolaire au Québec. Les auteurs font d’abord ressortir, à travers les discours, les politiques et des données statistiques, les principaux leviers qui ont permis son développement ainsi que les orientations et les thèmes privilégiés des chercheurs. Ils constatent que le discours sur l’alternance est beaucoup plus important que l’effectif élève qui l’accompagne et que la recherche dans ce domaine émerge au gré des chercheurs et des disciplines. L’analyse de la situation de l’alternance au Canada se poursuit au second chapitre, sous la direction de Geraldine Van Gyn et d’Elizabeth Grove White, qui décrit la trajectoire de l’enseignement coopératif dans le système postsecondaire et les facteurs qui y ont contribué. Les auteures concluent, après l’examen des recherches poursuivies depuis 25 ans, en exposant les facettes de certains volets qui, selon elles, poseront certaines difficultés pour l’existence future de l’enseignement coopératif au Canada. Les trois chapitres suivants nous transportent sur le continent europ éen pour étudier de façon consécutive l’alternance en France, en Belgique et en Allemagne. Jean Clénet et Jean-Noël Demol s’attachent à montrer comment l’alternance en France est le fruit des interactions entre des faits sociaux, historiquement situés, en lien avec les systèmes d’idées, les cultures et les artéfacts éducatifs construits. Ils s’attardent par la suite à démontrer que l’enjeu majeur des recherches est de bien comprendre les interactions et les tensions dans les différents niveaux enchevêtrés de l’alternance : sociaux, institutionnels, organisationnels, actoriels, pédagogiques et cognitifs. Au quatrième chapitre, Bernard Fusulier et Christian Maroy 4 La formation en alternance scrutent l’institutionnalisation de l’alternance en Belgique francophone en déterminant quatre périodes et en dégageant, à partir d’une synthèse des travaux scientifiques, les grandes approches analytiques utilisées. Les auteurs proposent finalement une image du développement institutionnel de l’alternance en soulignant que cette réalité éducative est de plus en plus irréversible dans le système éducatif belge. Enfin, le cinquième et dernier chapitre de cette première partie comporte une analyse de l’avenir du système dual allemand, longtemps considéré comme la référence par excellence d’un modèle d’apprentissage favorisant les rapports formationemploi . L’auteure, Diane-Gabrielle Tremblay, présente d’abord les principales caractéristiques du système dual. Par la suite, elle met en lumière, suivant les résultats de plusieurs recherches, quelques grandes interrogations qui en sont issues, notamment la difficulté de s’adapter à l’évolution économique...