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© 2001 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Géographie et société, Suzanne Laurin, Juan-Luis Klein et Carole Tardif (dir.), ISBN 2-7605-1090-5 CHAPITRE SAISIR LE « MONDE » À L’HEURE DE LA MONDIALISATION LE DÉFI D’UNE GÉOGRAPHIE DE CULTURE Robert Gerald Cecil* University of Western Ontario 14 Dans ce chapitr e, je me pr opose d’entraîner le lecteur dans quelques pistes de réflexion, sans toujours établir de liens systématiques entr e elles, au sujet de la perception qu’ont les géographes et la géographie des pays en voie de développement. Elles s’abr euvent à plusieurs sour ces, notamment à mon travail mené en milieu tr opical depuis près de quatr e décennies, aux échanges avec des étudiants de tous les cycles universitaires sur la géographie humaine des pays en voie de développement et à une préoccupation concernant les méthodes d’appréhension de la réalit é utilisées en géographie. Je brasserai donc quelques idées, m’engageant , d’une certaine manièr e, dans un dialogue avec moi-même et proposant les éléments d’une autocritique. * rgcecil@julian.uwo.ca 290 Géographie et société© 2001 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Géographie et société, Suzanne Laurin, Juan-Luis Klein et Carole Tardif (dir.), ISBN 2-7605-1090-5 14.1. LA NATURE DES GÉOGRAPHES On se prononce souvent sur la natur e en géographie , mais on en dit bien moins sur celle des géographes. Notre perception culturelle n’est pourtant pas indissociable de notr e nature, de qui on est, de nos contraintes cultur elles et, même, de l’honnêteté intellectuelle de nos pr opos . Notre point de vue pr ovient de la frustration de toujours êtr e partie pr enante, comme être humain, de problèmes qu’on voudrait résoudre. On en vient ainsi à éprouver une extrême lassitude relativement aux normes acceptées et en apparence impossibles à transgresser, normes qui ne cessent pourtant de nuire au bien-être de l’humanité. Je n’af firme pas ici que nous écrivons malhonnêtement ; je me demande seulement si une lutte intérieur e ne nous conduit pas à opter pour une appr oche biaisée dans nos présentations , surtout lorsqu’il s’agit de sujets « délicats ». Nos propres attributs culturels ne s’entr emêlent-ils pas aux pr oblèmes considérés, br ouillant ainsi nos per ceptions et nos perspectives de travail ? Par exemple, un vieux mâle blanc, comme moi, issu de la classe moyenne aisée de l’Amérique du Nord a du mal à compr endre la géographie humaine des femmes africaines travaillant aux champs. Quelqu’un d’autr e, au pr ofil totalement différent du mien, l’aborderait sûrement d’un autre point de vue. Que nous le voulions ou non, nous sommes organiquement liés aux sociétés dans lesquelles nous vivons. T outefois, même si la civilisation occidentale moderne nous permet une grande ouvertur e, on risque tout autant aujourd’hui qu’autrefois d’incorporer nos préjugés collectifs et personnels à nos travaux. Des atlas modernes, tels ceux de Kidr on et Segal (1984), Thomas et al. (1994) et Henriet (1999), témoignent d’une préoccupation pour l’emploi non conventionnel de l’expertise géographique . Alors, pourquoi ne pas cartographier « l’idéal », c’est-à-dire pourquoi ne pas réaliser des cartes imaginair es présentant des solutions à beaucoup de problèmes spatiaux qui bien qu’actuels sont pr ofondément enracinés dans l’histoire ? Il reste toujours la question de savoir de quelle façon on peut par venir à un idéal. Il suffit pour cela de penser à des situations de confr ontations classiques, telles noir/blanc, flamand/wallon, juif/musulman, serbe/croate, pour constater que la tâche est quasiment impossible. Étant donné nos contraintes humaines, il faut s’interroger sur l’efficacité de nos efforts. Ce sujet fait peur , car plusieurs d’entr e nous entreprennent des...

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