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© 2002 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Mondialisation, économie sociale, développement local et solidarité internationale, Louis Favreau et Lucie Fréchette (dir.), ISBN 2-7605-1089-1 C H A P I T R E I I ORGANISATIONS ÉCONOMIQUES POPULAIRES ET DÉVELOPPEMENT La revendication universelle du développement, et notamment du nouveau développement, pose impérieusement et avec insistance l’interrogation que voici : la croissance engendre-t-elle spontanément la structure industrielle optimum et répartit-elle d’elle-même le produit et le revenu global pour la satisfaction des besoins de la totalité de la population ? F. Perroux, Pour une philosophie du développement, 1981 La réponse de l’économiste François Perroux à cette question est, on s’en doute, négative. Mais elle traduit bien toute une période de la pensée économique qu’il critiquait, celle où croissance et développement se confondaient . Aujourd’hui, avec la montée du néolibéralisme, dans les cercles de la Banque mondiale et surtout du FMI, cette pensée économique a repris du galon. Un retour sur ces notions s’impose. En effet, pour les pays du Nord, parler de développement et de modèle de développement est une affaire généralement entendue1 . En revanche, pour les pays du Sud, la 1. On parle ici de sociétés démocratiques, industrialisées, urbanisées, ayant une économie de marché forte, une certaine capacité concurrentielle sur le plan international et 24 Mondialisation, économie sociale et solidarité internationale© 2002 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Mondialisation, économie sociale, développement local et solidarité internationale, Louis Favreau et Lucie Fréchette (dir.), ISBN 2-7605-1089-1 notion de développement fait depuis plus de 40 ans l’objet d’importants débats et de visions fort différentes, opposées même. Aujourd’hui, après l’échec des coopérations étatiques des pays capitalistes du Nord dans le Sud, après l’échec du communisme et son effondrement et après l’échec des mouvements de libération nationale et de leur modèle « développementiste », quel horizon existe-t-il pour ces pays ? Car, aujourd’hui, le concept de développement est mis à mal, ramené même par certains à une simple croyance occidentale, dépassée qui plus est. Devant ce relativisme culturel poussé à sa limite, il convient de fournir un certain éclairage historique sur la notion et sur sa pertinence encore aujourd’hui. Par ailleurs, l’économie sociale et solidaire est-elle partie prenante aujourd ’hui au renouvellement des voies de développement des sociétés du Sud ? 1. DE LA DÉCOLONISATION À LA MONDIALISATION NÉOLIBÉRALE : QUEL DÉVELOPPEMENT ? En quarante ans d’histoire liée au développement des pays du Sud (19602000 ), nous sommes passés de la décolonisation, et des espoirs qu’elle suscitait alors, à une mondialisation néolibérale. Ce début de basculement du monde, pour reprendre l’expression de Michel Beaud (2000), n’a-t-il provoqué que du désenchantement ? À cet effet, il apparaît utile, avant d’analyser le rôle des organisations et des entreprises d’économie sociale dans le Sud, de reconstituer l’itinéraire de ces quarante ans autour de la notion de développement. Dans les institutions internationales, dans les ONGD et dans le monde des animateurs de la coopération internationale, au cours des années 1960-1970, deux thèses radicalement opposées s’affrontent : disposant d’un régime de protection sociale par l’intermédiaire d’un État-providence. Dit autrement : 1) un modèle fordiste d’organisation du travail à l’intérieur des entreprises et de division du travail entre les entreprises ; 2) un régime d’accumulation avec des conditions de production relativement institutionnalisées (règles de productivit é du travail, conventions collectives...) et des conditions d’usage social de la production (consommation des ménages, investissements privés, dépenses publiques...) ; 3) un mode de régulation marqué par l’intervention de l’État (règles de marché, législation sociale...). Voir à ce propos Lipietz (1989). En somme, un mod...

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