Mondialisation, économie sociale, développement local et solidarité internationale

Conclusion. De l'économie sociale, du développement et de la mondialisation équitable

© 2002 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Mondialisation, économie sociale, développement local et solidarité internationale, Louis Favreau et Lucie Fréchette (dir.), ISBN 2-7605-1089-1 C O N C L U S I O N DE L’ÉCONOMIE SOCIALE, DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA MONDIALISATION ÉQUITABLE Il y a certaines choses que je ne referais pas si je devais recommencer. L’une d’elles est l’abolition du gouvernement local et l’autre est le démantèlement des coopératives. Nous étions impatients et ignorants. Julius Nyerere, ex-président de la Tanzanie (1984) 1. PROBLÈMES SOCIAUX, LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ ET TRAVAIL DANS LA SOCIÉTÉ D’AUJOURD’HUI : LE DROIT AU PREMIER DÉVELOPPEMENT Si l’on veut comprendre la société d’aujourd’hui et le nouveau souffle de la mondialisation, la néolibérale comme celle qui se veut sociale et équitable , il faut éviter de faire une analyse qui se limite à la mondialisation telle que vécue par les 15 ou 20 pays les plus riches de la planète. Car comment comprendre alors le 11 septembre ? En d’autres termes, comment répondre à la question américaine posée si naïvement : pourquoi nous haïssent-ils à ce point ? La perspective Nord-Sud a donc toute son importance . Mais cette perspective a aussi besoin de se renouveler, parce que la polarisation Est-Ouest n’existe plus et que nous sommes sortis de la 198 Mondialisation, économie sociale et solidarité internationale© 2002 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.uquebec.ca Tiré de : Mondialisation, économie sociale, développement local et solidarité internationale, Louis Favreau et Lucie Fréchette (dir.), ISBN 2-7605-1089-1 période tiers-mondiste remplie quasi automatiquement de bonnes causes (soutien aux résistances populaires ici ou là, soutien aux mouvements de libération nationale…). La revue Esprit parle en effet d’une nouvelle question Nord-Sud (Lévy, 2000) et ce n’est pas un hasard. Comme nous l’avons vu, il y a la globalisation financière (2 000 milliards de dollars sont l’objet de transactions journalières, alors qu’il n’y en a que quelques dizaines pour les échanges commerciaux) ; il y a la finance plutôt que la firme au poste de commande ; il y a la force des multinationales (Nike…) ; il y a la montée d’une industrie culturelle internationale ; il y a l’information mondialisée par Internet et la retransmission par satellite (CNN). Bref, un capitalisme financier international en pleine effervescence et libéré, en grande partie, des contrôles existant dans la période antérieure. Mais nous avons soumis une seconde proposition au débat : la mondialisation néolibérale des années 1990 n’est pas un ensemble unique de processus. À côté, et même souvent contre la mondialisation néolib érale, se déploie un autre ensemble fait d’initiatives qui, sans constituer une force socioéconomique et sociopolitique mondiale, ont dépassé le stade des démarches exclusivement locales pour s’inscrire dans une mondialisation autre qui se veut sociale et équitable. Pour faire court, il existe des contre-tendances dont certaines sont axées plutôt sur la résistance politique et d’autres plutôt sur la construction de voies alternatives. L’économie sociale et le développement local participent de cette stratégie de développement. Au premier chef, la question de la pauvreté examinée par la lunette du travail nous apparaît déterminante : la réapparition du chômage de masse dans les pays développés et la montée en puissance de l’économie informelle dans les pays du Sud ont mobilisé les énergies de nombreux mouvements sociaux et introduit de nouvelles politiques publiques dans certains pays et dans certaines institutions internationales. Ce qui explique en bonne partie la sortie de l’économie sociale de son éclipse et son renouvellement théorique et pratique autour des notions d’économie populaire, sociale et solidaire. Mais, dans les pays du Nord, la théorie de la régulation, fort pertinente pour comprendre les problèmes actuels de ces pays, peine à comprendre le travail et...