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INTRODUCTION1 Yves VAILLANCOURT François AUBRY Christian JETTÉ Dans les équipes de recherche au sein desquelles nous œuvrons depuis une dizaine d’années2, il nous arrive de nous identifier aux composantes de la gauche qui s’intéressent davantage au monde qui se fait qu’à celui qui se défait3. C’est ainsi que dans nos travaux de recherche sur les 1. Nous désirons apporter quelques précisions quant à la féminisation du style. Dans ce livre, le masculin englobe le féminin, sauf lorsqu’il est question des personnes qui dispensent les services, majoritairement des femmes. Dans ces cas, nous avons employé systématiquement le féminin (employées, préposées, proches aidantes, etc.). 2. Nous nous référons ici aux principales équipes de recherches dont sont membres les personnes qui ont participé à la rédaction de ce livre. Mentionnons entre autres le Centre de recherche sur les innovations sociales dans l’économie sociale, les entreprises et les syndicats (CRISES), le Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales (LAREPPS), l’Alliance de recherche universités-communautés (ARUC) en économie sociale, l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) et l’Alliance de recherche IREF/Relais-Femmes (ARIR). 3. Cette manière de se définir implique une double démarcation. D’une part, elle constitue une démarcation par rapport à ceux et celles qui, à droite, s’intéressent au monde qui se reconstruit en voulant tout reléguer à la logique marchande. D’autre part, elle annonce une démarcation par rapport à ceux et celles qui, à gauche, adoptent une position de méfiance et de dénonciation à l’égard de tous les projets de reconstruction qui ne s’appuient pas sur les bureaucraties étatiques. 2 L’économie sociale dans les services à domicile transformations des pratiques sociales et des politiques sociales et économiques , nous avons porté, depuis la fin des années 1980, une attention particulière aux contributions des initiatives de l’économie sociale. Notre intérêt pour l’économie sociale vient de sa contribution potentielle à l’émergence d’un nouveau modèle de développement plus démocratique et solidaire. Dans ce contexte, nous nous intéressons particulièrement aux innovations sociales qui peuvent surgir de la synergie entre des initiatives de l’économie sociale et des initiatives étatiques dans le cadre du renouvellement des politiques sociales. Nous faisons l’hypoth èse que les entreprises d’économie sociale peuvent être « porteuses d’innovations sociales » (Lévesque, 2002). En somme, notre intérêt pour l’économie sociale s’inscrit dans une recherche de réformes de politiques publiques soucieuses de trouver des solutions de rechange au modèle dualiste traditionnel basé sur le couple État-marché. C’est ainsi que, depuis plus d’une dizaine d’années, nous avons mené des recherches, souvent en partenariat, sur des initiatives innovantes du tiers secteur ou de l’économie sociale dans le domaine des politiques sociales et économiques. Nous avons tissé des liens avec plusieurs «entrepreneurs sociaux» qui mettaient en œuvre des projets d’économie sociale, entre autres dans le domaine de l’aide domestique. Nous avons eu de nombreux échanges enrichissants avec des personnes qui préparaient des projets d’entreprises communautaires ou coopératives dans le champ des services à domicile dans différentes régions du Québec. En outre, nous avons eu le privilège de suivre de près, au cours de la période 1993-1996, le développement de nombreux projets tels DéfiAutonomie à Mont-Laurier, Aide communautaire Limoilou, Plumeau, chiffon et compagnie à Montréal et la Coopérative de services à domicile de Laval. Ces pratiques de recherche et d’accompagnement de projets d’économie sociale en émergence dans le champ des services de proximit é ont beaucoup marqué nos analyses et recherches des dernières années. Nous en avons rendu compte au printemps 1997 dans un rapport de recherche intitulé Vers un nouveau partage des responsabilit és dans les services sociaux et de santé : Rôles de l’État, du marché, de l’économie sociale et du secteur informel (Vaillancourt et Jetté, 1997). Ce texte a été publié au moment même où l’organisation des services d’aide domestique subissait des transformations importantes. On assistait à la fin des projets pilotes de la première moitié des années 1980 et au début du processus d’institutionnalisation qui devait déboucher sur la création, à partir de 1997, de 103 entreprises d...

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