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CHAPITRE 8 EN GUISE DE CONCLUSION Quelques propos sur l'avenir des cuisines collectives et des associations Peut-on s'avancer jusqu'à tirer des scénarios d'avenir des cuisines collectives ? L'entreprise serait périlleuse. Les sciences humaines ne s'aventurent pas dans la futurologie. Pourtant, dans le contexte actuel de la reconfiguration des services publics, en raison des réarrangements en cours dans le secteur communautaire et en raison de la révision des politiques publiques tant dans le domaine de la santé et des services sociaux que dans celui de la famille, la question de l'avenir des cuisines collectives se pose. En guise de conclusion, nous proposons donc des jalons de réflexion sur l'espérance de vie des cuisines collectives et nous cherchons à déterminer ce sur quoi les cuisines collectives peuvent miser pour faire valoir le bien-fondé de leur contribution au développement social. 1. REGARD SUR L'ESPÉRANCE DE VIE DES ASSOCIATIONS DE TYPE CUISINES COLLECTIVES Depuis 1985, les cuisines collectives ont vécu une croissance rapide. Elles ont rapidement gagné en crédibilité dans les milieux populaires et se sont multipliées. Leur situation sur l'échiquier du communautaire est de plus en plus reconnue. Sont-elles là pour y rester ? La réponse ne peut être un 150 Entraide et services de proximité simple oui ou un simple non. Il est certain que les cuisines collectives répondent à des besoins réels dans la population, ce qui ne les met toutefois pas à l'abri des menaces qui fragilisent souvent les associations et les organisations communautaires. Des études sur la pérennité ou sur l'espérance de vie des associations nous donnent en ce sens matière à réflexion pour mettre toutes les chances du côté de la survie et de la consolidation des cuisines collectives comme dispositifs d'autoproduction, comme milieu de production de lien social et comme organisation contribuant au développement communautaire. L'étude de Viviane Tchernonog (1999) est à cet effet fort éclairante. Son étude de la trajectoire de vie de 200 associations met en évidence les facteurs qui prédisposent à la mortalité associative ou à une mise en veilleuse, souvent, dont l'issue peut être fatale. La première cause de mortalité des associations s'avère être le retrait ou la défection des bénévoles ou des fondateurs. La seconde est liée aux conflits au sein de l'organisme et la troisième à la fragilité du projet. L'étude tente aussi de retracer des facteurs que nous pourrions qualifier de facteurs de robustesse, qui prémunissent les organismes en périodes difficiles. Tchernonog mentionne à ce titre l'insertion des associations dans un réseau de financement, ce que nous nommerions la diversification et la stabilité du financement dans le cas des cuisines collectives. Elle nomme ensuite l'appartenance à une fédération comme facteur de longévité associative, ce qui se traduirait par l'insertion dans un regroupement d'abord régional puis national en ce qui concerne les cuisines collectives du Québec. Finalement, elle souligne l'incidence d'emplois salariés sur la vitalité de la trajectoire des associations, facteur que l'on peut qualifier de significatif dans le cas des cuisines collectives. En effet, comme nous l'avons mentionné au chapitre traitant des facteurs de développement des cuisines collectives, la présence d'employés permanents est un des facteurs qui non seulement préviennent le décrochage des membres, mais encore permettent d'animer le développement et l'expansion de l'organisme. On retrouve là trois pistes de travail bien ciblées pour consolider les cuisines collectives. Les cuisines collectives ont franchi le stade de l'expérimentation. La question de leur pérennité se pose aussi au terme de cette quinzaine d'années qui apparaît comme un cycle d'expérimentation réussie. Le foisonnement des expériences commence à se canaliser en des regroupements locaux ou régionaux pour éviter l'essoufflement qu'on pressent venir. Les cuisines collectives apparaissent à une croisée des chemins où se dessinent des perspectives encourageantes pour celles qui s'engagent dans la voie de l'institutionnalisation dans le sens de la consolidation de leur cadre organisationnel et dans celui de leur reconnaissance sociale comme pratique [3.128.203.143] Project MUSE (2024-04-26 06:30 GMT) En guise de conclusion 151 formelle. Lévesque et Vaillancourt (1998) considèrent l'institutionnalisation comme indispensable pour...

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