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INTRODUCTION Le développement d'une pensée réflexive en éducation Richard Pallascio CIRADE, UQAM (pallascio.richard@uqam.ca) Louise La fortune LERTIE, UQTR et CIRADE, UQAM (louise lafortune@ugtr.uquebec.ca) [3.140.185.147] Project MUSE (2024-04-25 05:37 GMT) Le développement d'une pensée réflexive 3 Les enseignantes et les enseignants ont encore souvent tendance à appuyer leur pratique sur des modèles de la cognition fondés sur un enseignement axé sur la transmission des connaissances. Malgré des résistances encore nombreuses, plusieurs chercheurs et chercheures préconisent des orientations didactiques davantage axées sur des modèles d'inspiration socioconstructiviste selon lesquels l'appropriation des savoirs en contexte scolaire est un processus de re-construction des connaissances qui fait appel à des compétences cognitives de niveau supérieur. En fait, en éducation, on ne s'entend pas sur la signification de l'apprentissage en contexte scolaire, pas plus que sur le sens à donner au développement d'une forme de pensée réflexive. C'est le cas même chez ceux qui considèrent l'apprentissage comme un phénomène essentiellement collectif qu'on ne peut appréhender qu'à la lumière de la co-construction des savoirs dans le cadre de communautés de pratiques. L'idée que le processus d'apprentissage comporte une dimension réflexive incontournable n'est pas récente. Déjà en 1933, Dewey, pragmatiste et disciple de Peirce, utilisait l'expression « pensée réflexive », en opposition à une pensée spontanée, pour désigner « une manière de penser consciente de ses causes et de ses conséquences ». Connaître l'origine de ses idées - les raisons pour lesquelles on pense d'une certaine manière - procurerait à l'individu une souplesse intellectuelle; pouvoir choisir entre plusieurs possibilités et exercer une influence sur elles serait source de liberté intellectuelle. Ainsi, connaître les conséquences de ses idées, c'est connaître leur sens, puisque, comme Dewey en était convaincu, ce sens réside dans leurs applications pratiques, dans leur effet sur le comportement individuel et sur le monde. Pour plusieurs tenants du développement des instruments nécessaires à la mise en oeuvre d'une pensée critique chez l'apprenant, l'accent mis par Dewey sur la pensée réflexive laissait présager les travaux ultérieurs sur le sujet au cours des 50 dernières années (Lipman, 1995). 1. LE DÉVELOPPEMENT D'UNE PENSÉE REFLEXIVE Le développement d'une pensée réflexive s'articule notamment autour d'une pensée critique et créative, de compétences argumentatives et d'habiletés métacognitives. Selon Lipman, les individus recourent aux processus de la pensée critique, dans un contexte donné, pour mieux distinguer, parmi les informations qu'ils reçoivent, celles qui sont les plus pertinentes au regard des buts qu'ils poursuivent de celles qui sont moins utiles. Pour ce philosophe, la pensée critique est un outil pour contrer l'opinion (uncritical thinking) et l'action irréfléchies. 4 Pour une pensée réflexive en éducation En ce qui concerne la pensée créative, ses caractéristiques, selon Lipman, sont sa sensibilité à une multitude de critères, de même que le fait qu'elle soit orientée vers l'obtention de résultats fructueux sans nécessairement privilégier de méthodes particulières, qu'elle vise l'émergence de synthèses créatives, en dehors du conflit entre les thèses et les antithèses, et qu'elle assure le contrôle de la pensée par la qualité totale de la situation dans laquelle elle se manifeste. Quant aux compétences argumentatives, elles consistent, par exemple, à évaluer si les arguments sont suffisants ou acceptables. En ce sens, une pensée réflexive, dans son articulation même, apparaît tributaire d'un jeu des bonnes raisons, c'est-à-dire des arguments susceptibles de la faire partager. Le développement d'une pensée réflexive sera donc étroitement lié à l'acquisition d'un savoir-dire qui mobilise les stratégies de mise en discours argumentatif pour en montrer la rigueur et le bien-fondé (Angenot, 1998). En ce qui a trait aux habiletés métacognitives, elles sont bien décrites par Flavell (1979), qui définit la métacognition comme référant non seulement aux connaissances que chaque personne poss...

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