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Depuis le début du XIXe siècle, l’émergence puis le développement des espaces nationaux ont favorisé la structuration de réseaux diffus ou denses de zones métropolitaines. Ces dernières, au fil des décennies, en sont arrivées à cumuler de plus en plus de ressources et de pouvoirs, mais aussi à être des lieux porteurs de grandes inégalités et disparités socioterritoriales. Cette mouvance dans la métropolisation nous amène à nous interroger sur le rôle et la place des villes dans le développement de la modernité puis de la mondialité. Elle suscite aussi un questionnement de fond sur l’urbanisation comme processus facilitant la convergence sociétale. Enfin, elle soulève la question de la perte relative d’importance de l’Étatnation . Si cette forme institutionnelle a été la modalité centrale au cours de la modernité et qu’elle a facilité le passage à une nouvelle étape dans la structuration de l’économie-monde, elle est de plus en plus déclassée par des formes institutionnelles supra- et infranationales, dont celles qui sont associées à l’émergence d’espaces de niveau métropolitain. Le mouvement de métropolisation n’est pas une donnée intrinsèque ou un acquis structurel. Toutes les grandes villes ne deviennent pas des métropoles et le statut de métropole n’est pas éternel. Des repositionnements jouent constamment, amenant des déplacements de centres de gravité vers de nouveaux pôles, comme le traduit la perte d’importance de Montréal au profit de Toronto, des villes du nord-est de l’Amérique du Nord au profit de celles du sud-ouest, des économies situées dans le bassin de l’Atlantique vers celles situées dans le bassin du Pacifique. De plus, toutes les métropoles ne jouent pas un rôle économique d’importance égale au plan national et international. Il est donc primordial de se pencher sur les conditions de structuration et de restructuration des collectivités et dynamiques métropolitaines, ce qui nous renvoie à des considérations socioéconomiques : le Présentation Jean-Marc Fontan, Juan-Luis Klein et Diane-Gabrielle Tremblay 2 Entre la métropolisation et le village global rôle joué par l’innovation économique, sociale ou territoriale ; la place des acteurs privés, publics ou sociaux ; les modalités de positionnement des métropoles sur l’échiquier mondial et les stratégies de conversion et de reconversion industrielle déployées. Deux questions centrales ont guidé la réflexion des auteurs dans la production de leurs textes. Une première question a trait à la place et au rôle des métropoles dans la régulation des espaces mondial, national et régional. Elle nous permet de décrire le type de gouvernance que permet la métropole. Elle met en lumière la nature des formes organisationnelles présentes sur l’espace métropolitain pour actualiser cette gouvernance. Une deuxième question porte sur la dynamique de production et de reproduction économique de ces « immenses milieux de vie ». Si la métropole est une construction sociale et non pas le fruit d’un déterminisme métasocial, elle est alors sujette à un effort constant d’adaptation à une réalité mondiale en perpétuelle mutation. Au plan économique, cet effort est marqué par la création de nouveaux lieux de production de la richesse – tel le développement du secteur tertiaire moteur –, par la mise en place de mécanismes porteurs d’innovation sociale et d’innovation économique, mais aussi par la conversion productive ou le redéploiement industriel sur le territoire métropolitain, donc par l’innovation socioterritoriale. Les analyses du développement sont principalement partagées entre des logiques sectorielle ou territoriale. Au sein du paradigme territorial, l’espace métropolitain est peu étudié, comme si son développement allait de soi ou qu’il renvoyait principalement à une logique sectorielle. En fait, la métropole se définit comme un espace privilégié où se concentre une variété de ressources et, donc, un capital socioterritorial important. Dès lors, cet espace échappe aux réflexions traitant du développement régional – du développement de la périphérie – et renvoie principalement à des analyses portant sur le développement local. Ces dernières ont toutefois le désavantage de morceler le paysage métropolitain en zones à croissances variées et de ne pas produire une vision globale de la dynamique y prenant place...

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