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Le Technopôle Angus, un exemple communautaire de reconversion industrielle en milieu métropolitain Jean-Marc Fontan et Christian Yaccarini INTRODUCTION Au passage du XXIe siècle, dans les turbulences provoquées par le mouvement mondial de réorganisation des grandes institutions politiques, économiques et sociales, parler de reconversion économique est des plus pertinents, en parler en milieu péricentral d’une métropole nord-américaine transforme la pertinence en curiosité, le faire en décrivant comment un acteur communautaire est engagé dans une telle aventure relève de l’inédit. En effet, les initiatives communautaires de reconversion de vieilles zones industrielles métropolitaines sont très rares, sinon inexistantes. D’où la pertinence de présenter les conditions d’émergence et de développement d’initiatives du genre, telle Projet Angus. Ce faisant, nous sommes en mesure de montrer qu’une telle avenue d’intervention est non seulement théoriquement possible, réalisable, mais de surcroît socialement utile. Nous présentons donc les éléments clés permettant de comprendre pourquoi et comment le Projet Angus a pris naissance et s’est développé. Dans un premier temps, nous soumettons quelques données sur Montréal et sur le quartier concerné par l’implantation de ce projet. Dans un deuxième temps, nous décrivons les éléments constitutifs initiaux du Projet Angus. Dans un troisième temps, nous présentons la forme concrète qu’a pris le Projet Angus, le Technopôle Angus, et l’offre de services liée à ce dernier. Enfin, nous concluons par une courte section analytique sur la place occupée par l’innovation sociale, la gouvernementalité et la mobilisation des ressources dans la réalisation d’un tel projet de reconversion industrielle. 270 Entre la métropolisation et le village global MONTRÉAL, UNE VILLE PARTAGÉE ENTRE DES PROCESSUS DE CROISSANCE ET DE SOUS-DÉVELOPPEMENT L’Île-de-Montréal constitue une zone urbaine hétérogène. La population qui l’habite est très diversifiée, tant dans ses caractéristiques identitaires que socioéconomiques. Après Toronto, avec ses 3,3 millions d’habitants, la grande région de Montréal est la deuxième métropole canadienne. À ce titre, Montréal partage un ensemble de caractéristiques avec les autres métropoles de la planète. En fonction de ce statut métropolitain, Montréal se distingue considérablement des autres régions du Québec. À l’échelle planétaire, l’espace métropolitain présente une réalité spécifique. Premièrement, la polarisation des revenus y atteint des niveaux extrêmes. Montréal reflète bien cette réalité : 1’itinérance et la grande pauvreté côtoient la richesse et la grande richesse (Fontan, 1997). Deuxièmement, la segmentation culturelle est telle que les métropoles sont le reflet de la diversité planétaire. Montréal est la zone interculturelle québécoise. On y retrouve plus de 85 % de la population immigrante québécoise. Troisièmement, les modalités de gouvernementalité de l’espace métropolitain ont vu apparaître, ces dernières années, une variété de structures de gouvernance sectorielles et territoriales. Montréal, contrairement à Toronto et à nombre de métropoles mondiales, n’a pas encore finalisé une forme centrale de gouvernementalité de son espace métropolitain. Par contre, la grande région compte sur une multitude d’instances régionales et locales de concertation mettant à contribution une variété d’acteurs. Quatrièmement, les métropoles jouent un rôle de premier plan dans l'implantation et la dynamisation des systèmes d’innovation sociale, économique ou politique. À cet égard, Montréal est le centre du système innovatif québécois et représente une constituante très importante du système canadien d’innovation. Le fait d’être au centre du système innovatif québécois a une incidence sur le bassin des entreprises montréalaises. La concurrence soumet ces dernières à des pressions importantes au regard de la réorganisation de leur cadre de production et de l’organisation du travail. Les entreprises des vieilles zones industrielles n’ont pas nécessairement opté pour une réorganisation de leur cadre entrepreneurial ; quand elles l’ont fait, c’est au prix de licenciements collectifs. Montréal est donc aux prises avec une dualisation de son bassin d’entreprises, entre des entreprises de l’ancienne économie et celles d’une nouvelle économie...

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