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LES ACTES DU COLLOQUE COMMUNICATIONS EN TEMPS DE CRISE Danielle Maisonneuve Département des communications Université du Québec à Montréal« Les hommes n'acceptent le changement que dans la nécessité, et ils ne voient la nécessité que dans la crise. » Jean MONNET 2 Communications en temps de crise Du colloque Communications en temps de crise se dégagent plusieurs constats. Tout d'abord, force est de reconnaître que ce thème fait surtout référence à des phénomènes épisodiques pour lesquels très peu d'approches théoriques ont été induites, s'appliquant à l'ensemble des crises. Nous constatons en effet qu'il s'agit d'une catégorie de situations encore mal définies : la réalité des crises est mouvante et peut s'étendre aussi bien à un conflit nucléaire pour l'ensemble de l'humanité qu'à l'annonce d'un cancer pour le patient et sa famille. Du côté des organisations, l'expression «gestion de crise» est de plus en plus utilisée, et de plus en plus vide de sens. Pour rassurante qu'elle soit, cette formulation n'en demeure pas moins un contresens. Si on pouvait la gérer, la crise n'existerait pas. Ou du moins, pas avec l'acuité qu'on reconnaît généralement à ce genre de situation. Car il ne faut pas confondre la prévention ou l'intervention d'urgence avec la gestion. Certes, on peut gérer la prévention des crises, afin d'en minimiser le coefficient de risques ou parfois même pour arriver à l'éviter, notamment par l'amélioration des communications entre les acteurs éventuellement impliqués. On peut ainsi effectuer la gestion des risques. En revanche, si une crise survient, en dépit des précautions prises ou parce qu'il s'agit d'une catastrophe imprévisible ou inévitable, on tente alors d'en contrôler les répercussions pour en minimiser l'impact sur les populations concernées. D'autre part, durant une crise, on peut gérer les relations entre les acteurs et les communications avec les sinistrés, les médias, les sources d'aide humanitaire. On peut également assurer la gestion des ressources matérielles et les approvisionnements en biens de première nécessité. Après la crise, on sera appelé à en gérer les conséquences. Mais la crise comme telle échappe au processus de la gestion qui, selon la définition classique du terme « gérer », recouvre les étapes de planification , direction et contrôle, le tout reposant sur une série de prises de décisions quant à l'objet même de l'événement en cause. En ce sens, seuls les révolutionnaires, les terroristes ou les forcenés font de la gestion de crise leur principal outil de manifestation sociale et l'expression violente de leurs revendications. Dans tous les autres cas, nous subissons la crise sans l'avoir décidée ni planifiée. Par conséquent, il faut avoir la gestion modeste lorsque l'on traite des crises... Malgré notre besoin compulsif de tout gérer, il reste encore bien des situations échappant au contrôle rationnel exercé par les organisations humaines. En fait, la définition même du concept de crise nous confine à une série d'appréciations très subjectives : chaque société possède [13.59.100.42] Project MUSE (2024-04-26 02:35 GMT) Introduction - Les Actes du colloque Communications en temps de crise 3 un seuil de tolérance collectif à l'égard de la survie ou de la qualité de vie de ses membres. Tout est donc relatif au système de valeurs ou à la culture de chaque collectivité : ce qui était une crise au Québec, lors de la tempête du verglas en janvier 1998, serait considéré comme une simple anecdote pour les habitants de Kobe qui ont vécu le tremblement de terre de 1995. Cependant, on ne peut adopter un dénominateur commun international comme étalon pour cataloguer les diverses crises en fonction de leur importance. Leur appréciation ne peut se faire qu'en fonction du point de vue intraculturel des sinistrés aux prises avec une crise. Car pour l'individu impliqué directement, sa crise est toujours LA crise. Un consensus semble toutefois se dégager sur la nature d'une véritable crise : il s'agirait d'un événement fortuit menaçant directement la vie...

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