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Un financement à repenser Peter F. Trent Témoigner de presque 30 ans d’histoire n’est pas une mince affaire et c’est pourquoi j’ai fait appel à la mémoire et à l’expérience des doyens, pour ne pas dire des patriarches de la Conférence des maires de la banlieue de Montréal (CMBM), pour préparer le témoignage queje vous livrerai dans ces pages. La Communauté urbaine de Montréal (CUM) n’a pas été créée par l’Assemblée nationale le 23 décembre 1969,hors du temps, hors du contexte qui prévalait à la fin des années 1960.Un contexte de grande effervescence:l’Expo, l’ouverture sur le monde, la Révolution tranquille, l’importance et la présence de la jeunesse, les baby-boomers. Mais aussi une période de grande agitation sociale : le Front de libération du Québec, la contestation étudiante et les grèves, surtout la fameuse grève des policiers. Un contexte aussi imprégné d’espoir, de confiance, de croissance, de grands projets qui ne sera pas sans marquer les premi ères années de la Communauté. Évidemment, quand on compare à l’austérité des années 1990,à l’endettement des gouvernements, à l’ensemble des finances publiques qui sont aujourd’hui coincées, on croit rêver et on devient nostalgique. Montréal, dès les années 1960, était déjà sur son déclin et cherchait pour consolider sa base fiscale à annexer ou à fusionner les banlieues sur l’île, alors pour la plupart jeunes et prospères. C’est pourquoi, en 1964, le maire Drapeau réclamait aux audiences publiques de la Commission Blier, « une île, une ville ». La grève des policiers a fourni le prétexte, mais la réalité, c’est qu’on voulait forcer les banlieues à financer une partie de l’administrationde Montréal, en partageant les coûts de certains services. Comme le disait le père de la CUM, le docteur Robert Lussier : «C’était la CUM ou bien, une île, une ville.» Pour les maires de banlieue de l’époque, le coup de théâtre du docteur Lussier constituait ni plus ni moins qu’un hold up financier en faveur de Montréal. La CUM est donc née dans un contextede turbulence, mais aussid’euphorie; puisque les promoteurs du projet, et plus particulièrement le gouvernement du Québec, promettaient mer et monde. L‘intégrationdes services devait même permettre , selon eux, une diminution de taxes. 144 Peter F. Trent Depuis sa création, la CUM souffre d’un problème d’identité. Est-elle (ou doit-elle devenir) un palier de gouvernement? Est-elle une entreprise de services ? Est-elle un mécanisme de péréquation en faveur de la Ville de Montréal ? Ou encore est-elle une combinaison des trois ? Québec nous a « donné » ce fardeau, pas pour créer un palier de gouvernement , ni même pour créer une entreprise essentiellement de services, mais plutôt pour tirer d’affaire la Ville de Montréal. Cette dernière raison est encore valide : les banlieues de l’île financent encore 45 % du coût d’exploitation de la CUM mais utilisent moins de 33 % de ses services. Montréal reçoit donc la rondelette somme de 150 millions de dollars par an. Nous, les banlieues, bien que nous n’ayonsjamais été en faveur de l’idée de subventionner Montréal, l’avons quand même fait pour aider la ville-centre. Nous aimerions seulement que l’on reconnaisse notre générosité. La CUM n’a jamais constitué et ne doit jamais constituer un palier de gouvernement , c’est-à-dire un organisme dont les membres sont élus par la population et qui prélève des impôts directs. Les trois paliers de gouvernement au Canada nous suffisent amplement. Un grand nombre des changements que le gouvernement a apportés en 1982visaient à régler le prétendu problème de l’«input» des citoyens. I1 a donné à la CUM tous les signes extérieurs d’un grand gouvernement dont notamment cinq commissions publiques. Le résultat ? La plupart des citoyens prêtent encore peu d’attention à la CUM. Peu de gens assistent aux débats des commissions et la presse en fait peu de cas. Les méthodes du conseil sont toujours aussi maladroites, rares y sont les discussions qui portent des fruits. Les changements ont...

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