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Montréal et les nouveaux enjeux métropolitains Marc V. Levine« Imaginez Montréal en l’an 2025. » Ainsi commençait un article publié dans un journal montréalais à la veille des élections municipales il y a quatre ans. «Des bandes de voyous rôdant le long de la rue Sainte-Catherine devant des boutiques entourées de planches. Les sans-abri campent par groupes dans des appartements abandonnés. Le magasin Eaton [...]est parti [du centre-ville] pour la dynamique« banlieue » de Mascouche. Entre-temps, le Casino a dû être agrandi seize fois. Histoire à faire peur ? Si nos dirigeants municipaux ne s’occupent pas des enjeux à long terme qui modèleront l’avenirde Montréal, voilà certainement un scénario à envisager, selon des experts.» Une exagération ? Une hyperbole ? Sans doute... quoiqu’une manchette récente de La Presse me porte à croire que l’an 2025 est arrivé plus tôt que prévu :« Squeegees, mendiants, dealers et prostitués feront encore partie du paysage montréalais.» Mais même si certains scénarios peuvent paraître sensationnalistes, il semble bien qu’il y ait eu « américanisation » des modèles de développement urbain à Montréal au cours des 25 dernières années. S’il existe des différences importantes entre le modèle américain et le modèle montréalais - comme nous allons le voir un peu plus loin -les deux sont le fait d’une vision similaire, c’est- à-dire ce qu’Anthony Downs appelle un « étalement illimité et à faible densité ». Comme de nombreux experts l’ont relevé dans le présent ouvrage, et comme le décrit à fond le rapport Pichette de 1993, ces tendances socio-économiques constatées dans la grande région métropolitaine réduisent de plus en plus les possibilités de la CUM comme institution d’aménagement métropolitain, au détriment de la ville-centre de Montréal. Aujourd’hui,par exemple, à peine 30% de la populationde la région habite la ville de Montréal et tout juste un peu plus de 50% habite le territoire de la CUM. I1 s’agit d’une chute vertigineuse par rapport au début des années 1970. Montréal et la CUM sont devenues, comme on l’entend dire souvent, le «trou du beigne ». En effet, 75 % des nouveaux quartiers résidentiels construits dans la région dans les années 1990 le sont hors de l’île de Montréal. Montréal et les nouveaux enjeux métropolitains 111 Si l’économie régionale est fortement concentrée sur l’île et, de fait, dans le centre-ville de Montréal, il y a eu aussi décentralisation de l’activité économique. Une étude des déplacements dans la région au cours des 20 derni ères années révèle des reculs dans tous les domaines (travail, magasinage et loisirs) vers la CUM. Conclusion de l’étude: « La Communauté urbaine de Montréal subit une érosion relative de sa capacité de polarisation de la région métropolitaine [...] La situation de Montréal s’apparente donc à celle qui a été abondamment décrite pour nombre d’autres métropoles nord-américaines.» Les coûts liés à ce modèle d’étalement illimité et à faible densité ont aussi été largement analysés, notamment : Fortes augmentations et concentrations du chômage et de la pauvreté dans le noyau urbain et difficultés financièresqui en découlent.Au cours des 10 dernières années seulement, le nombre des résidents employés sur l’Île de Montréal a chuté de presque 14%. Le taux de chômage dans la CUM a dépassé les 10% pendant les années 1990. Augmentation de la circulation automobile et des problèmes environnementaux puisque la croissance suburbaine et exurbaine dépasse les capacités des infrastructures et de la planification. Déséquilibres financiers entre la ville et la banlieue, ce qui a comme effet dévastateur la détérioration des services municipaux et la hausse des taxes municipales, et, dans un cercle vicieux, entraîne une hausse des départs des résidents de classe moyenne vers l’extérieur de l’île. Et, dans le cas de sociétés comme le Québec, qui essaie de réduire les dépenses gouvernementales, l’étalement urbain a des conséquences néfastes sur les finances publiques. Depuis 1980,par exemple, 238 millions de...

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