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CONCLUSION L’ÉTUDE DE LAPOLITIQUE SCIENCEOUFICTION? Isabelle Lanthier Université du Québec à Montréal Qu’est-ce que l’épistémologie ? Quelle est son utilité en science politique ? Voilà deux questions auxquelles les auteurs de ce livre ont tenté de répondre. Les auteurs ont donné une explication de l’épistémologie en science politique en la définissant, d‘abord, et en indiquant son utilité et ses diverses formes d’applications. Nous ne reprendrons pas ici les différentes positions épistémologiques qui ont été exposées dans cet ouvrage. Cependant, ce livre nous a permis de constater toute l’importance accordée à la pratique épistémologique dans la quête d’une compréhension et d’une « révélation » du monde politique qui nous entoure. Nous allons rappeler les deux positions philosophiques des courants épistémologiques qui traversent ce livre, soit le rationalisme et le relativisme. I1s’agit plus précisément de voir quelles sont les conséquences politiques de ces deux courants épistémologiques. Le premier laisse entendre que la sciencepolitique peut révéler la vérité de notre monde politique, tandis que le second propose d’énoncer simplement des possibilités, des histoires vraisemblables sur notre monde, sans toutefois défendre une vérité. Quelles sont donc les conséquences de ces positions épistémologiques sur notre pratique de la science politique ? Voilà la question qui nous préoccupe dans cette conclusion. De façon générale, nous pouvons dire de l’épistémologie qu’elle tire son origine des mots grecs « epistêmê », qui signifie savoir, et« Logos », qui veut dire science. Elle constitue l’étude de la science : L’épistémologie consiste à porter un regard critique sur les propos que tiennent les sciences, qu’il s’agisse, par exemple, de la chimie, de la biologie, ou encore de la psychologie ou de la sociologie. Par regard critique, on entend un regard qui se propose d’évaluer les 204 Épistémologie de la science politique fondements de ces disciplines, leurs modes de démonstration et la qualité de leurs découvertes1 . On peut dire que l’épistémologierecherche les postulats philosophiques qui servent de cadre de référence, d’ensembles de valeurs ou de logique à toute science, notamment en ce qui a trait à la discipline de la politique. Ainsi, l’épistémologie cherche le rapport du savoir« politique » au réel. En ce sens, la science politique nous permet-elle de connaître et de comprendre le réel, de soutirer de la nature les « lois physiques » qui la fondent, par son observation ou par déduction ? La science politique peut-elle, par exemple, nous faire comprendre, à partir d‘analyses inductives ou déductives,la déclaration d’une guerre entre deux peuples, la proclamation d’indépendance d’un regroupement d‘individus, son organisation politique et administrative, ou encore, tout simplement, les racines propres à la formation des sociétés politiques? Autrement dit, la science politique peut-elle véritablement nous expliquer le comment et les raisons qui ont causé un événement quelconque . Ou mieux encore, la science politique peut-elle permettre au chercheur de trouver des solutionspour améliorer une situation, notre environnement ? Ou, au contraire, cette discipline ne fait que raconter une histoire sur notre environnement, c’est-à-dire qu’elle permet de donner une représentation quelconque, aussi valable que plusieurs autres récits, d’un phénomène particulier. Selonle rapport au réel que l’on préconise, à savoir la croyance en une possibilité ou en une impossibilit é de saisir le réel dans son essence ou dans sa nature, la science politique peut ou non nous fournir un discours véritable sur le monde. Dans tous les cas, elle nous produit à tout le moins une représentation vraisemblable du réel, c’est-à-direune explicationplausible, en laquelle nous croyons. Cette représentation possible permettrait ainsi de donner un sens, une raison, une logique à notre monde. Beaucoup d’auteurs défendent l’idée que l’on peut soutirer de la matière ses racines profondes, une essence quelconque. I1existe, pour ces auteurs, une nature ontologique, une vérité qui donne le sens à la matière. Et cette vérité est, pour certains, connaissable et même manipulable. Pour les autres auteurs de ce courant philosophique, cette vérité est partiellement saisissable. Par contre, d’autres soutiennent qu’ils n’énoncent pas de vérité, mais qu’ils racontent une histoire possible sur...

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