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Chapitre 1 Comprendre la relation entre nationalisme et protection sociale Comme nous l’avons indiqué dans notre introduction, peu de littérature savante portant sur la relation entre nationalisme et protection sociale1 a été publiée à ce jour. C’est à ceci que nous nous proposons de remédier dans les pages suivantes. À la discussion sur le nationalisme et la protection sociale succède la présentation des six affirmations appliquées à nos cas d’espèce. Le chapitre se divise en quatre parties.Dans la première,nous clarifions le sens des concepts importants de notre champ de recherche, puis nous formulons les définitions courantes et les plus fondamentales pour notre étude. Dans la deuxième partie, nous affirmons six propositions sur les liens entre nationalisme et politiques sociales. La troisième partie, quant à elle, présente des réflexions analytiques pour l’examen comparatif des trois États à l’étude, soit le Canada, le Royaume-Uni et la Belgique. L’accent y est mis sur le rôle de certains facteurs-clés de l’interface entre nationalisme et protection sociale : l’idéologie politique en général, et la dichotomie gauche-droite en particulier, les écarts socioéconomiques sur un même territoire et,enfin,le rôle structurant 1. Il y a des exceptions, par exemple Keith Banting, «Social Citizenship and the Multicultural Welfare State» (1999), Richard G. Fox, Charlotte, H. Aull et Louis F. Cimino, «Ethnic Nationalism and the Welfare State» (1981), Dominique Marshall, «Nationalisme et politiques sociales au Québec depuis 1867 : un siècle de rendez-vous manqués entre l’État, l’Église et les familles» (1994), Nicola McEwen, «State Welfare Nationalism: The Territorial Impact of Welfare State Development in Scotland» (2000) etNationalism and the State. Welfare and Identity in Scotland and Quebec (2006), Johanne Poirier et Steven Vansteenkiste, «Le débat sur la fédéralisation de la sécurité sociale en Belgique : le miroir du vouloir-vivre ensemble?» (2000). De plus, dans leur article «The East-Asian Welfare States: Peripathetic Learning, Adaptative Change, and Nation-Building» (1996), Roger Goodman et Ito Peng ont souligné le rôle des politiques sociales dans la construction de la nation dans les pays unitaires. Notre point de vue est différent de celui adopté depuis peu par la recherche sur le multiculturalisme et les politiques sociales et qui s’attache presque exclusivement à la diversité ethnique issue de l’immigration. On trouvera un exemple de cette orientation dans Keith Banting et Will Kymlicka (dir.), Multiculturalism and the Welfare State: Recognition and Redistribution in Contemporary Democracies (2006). 26 NATIONALISME ET PROTECTION SOCIALE des institutions politiques. Cependant, les trois types de facteurs influant de façons diverses, selon chacune des situations examinées, sur la relation entre nationalisme et protection sociale,nous n’étudierons à fond que ceux qui sont nettement déterminants dans le pays ciblé. Enfin, la quatrième partie traite brièvement de la place de la mondialisation dans notre étude comparative. Une courte présentation de notre méthodologie clôt le chapitre. Nationalisme et protection sociale La fin du nationalisme a souvent été annoncée au cours du 20e et au début du 21e siècle2. Cette thèse a connu une popularité particulière au cours des années 1950 et 1960 grâce aux travaux de théoriciens comme Karl Deutsch, pour qui nationaliste rimait avec traditionaliste et passéiste3. Deutsch voyait le nationalisme comme un phénomène anachronique qui ne résisterait pas à l’inexorable mouvement intégrationniste à l’œuvre dans les États occidentaux. Selon lui, les régions minoritaires n’avaient que peu de chances de résister à la vague assimilatrice soulevée par la culture qui les dominait,la généralisation de l’économie de marché et la taille grandissante de l’État. Cependant, la théorie de Deutsch et de ses partisans n’a pas résisté longtemps aux faits, puisque, dès la fin des années 1960 et tout au long des années 1970,on a vu des mouvements nationalistes apparaître ou réapparaître,parfois avec une vigueur décuplée, dans des pays comme le Canada, le RoyaumeUni , la Belgique et l’Espagne. Qui plus est, ces mouvances existent toujours et, de surcroît, représentent des foyers politiques puissants dans leurs milieux respectifs. Par exemple, leur présence a très souvent entraîné la redéfinition du paysage institutionnel existant. Ainsi, le nationalisme flamand a ét...

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