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La pratique oulipienne de l’écriture, qui depuis un bon moment déjà n’est plus uniquement française ni exclusivement littéraire, se caractérise par une tension entre révéler et cacher les contraintes. Cette tension a la particularité de se manifester de façon interne et externe à l’œuvre. Il n’est pas rare, par exemple, qu’en marge du texte oulipien existe un discours (comme la postface précédente) qui révèle entièrement ou partiellement – le plus souvent partiellement – le fonctionnement des contraintes qui ont régi l’élaboration du texte. Devant ces révélations, les traducteurs de textes« oulipiens » n’ont d’autre choix que de prendre parti : soit ils tiennent compte de ces contraintes, soit ils les ignorent, dans les deux cas, en tout ou en partie. Il est donc des traducteurs qui choisissent de jouer le jeu oulipien, qui choisissent de tenir compte des contraintes parce qu’ils leur reconnaissent un sens. Seul le repérage des moyens textuels pris par l’auteur pour répondre au problème posé – qui constituent toujours un ensemble de solutions parmi tant d’autres – permet ensuite aux traducteurs d’imaginer les moyens qu’ils devront à leur tour déployer pour Postface des traductrices et des traducteurs 365 Postface des traductrices et des traducteurs reproduire ces contraintes en traduction – avec le lot de difficultés de transfert que cela suppose. La tâche qu’ils se donnent est alors de s’assurer que les contraintes sont aussi perceptibles dans le texte traduit qu’elles le leur auront paru dans le texte de départ, en tentant de mettre en place dans la traduction les conditions de lisibilité de ces mêmes contraintes. C’est là le projet que nous nous sommes donné au moment de traduire le Dodecahedron, dont la postface révélait ouvertement, quoique partiellement, la contrainte structurelle à la base des douze récits qui le composent. Notre projet était donc de rendre un texte ou, mieux, des textes contraints par autant de textes contraints, en déployant un effort créatif lui aussi astreint par des règles préétablies et une systématicité que nous considérons oulipienne. Pour offrir le Dodecahedron en français, dont chacun des douze récits est le produit d’une voix narrative distincte, nous avons fait le choix inusité de le traduire à douze. Certes, il est rare, voire très rare, qu’on traduise, pour ainsi dire, à vingtquatre mains. Il est certain que, ce faisant, nous nous sommes astreints à une contrainte « oulipienne » supplémentaire. Selon l’auteur lui-même – étonné mais heureux d’apprendre notre décision de recourir à la traduction collective –, nous venions dès lors de convier le lecteur francophone à un jeu de plus. [3.145.156.250] Project MUSE (2024-04-20 05:07 GMT) Collection TL La collection TL propose des traductions, vers l’anglais ou le français, d’œuvres appartenant à divers genres littéraires, choisies pour leurs qualités uniques. La collection offre des traductions d’œuvres contemporaines et de classiques sélectionnés parmi le corpus des littératures canadienne et internationale. Collection dirigée par Marc Charron, Luise von Flotow et Charles Le Blanc Correction d’épreuves : Anna Olivier (Athéna Rédaction) Maquette de la couverture : Une typographie de 10pt sur 14pt Cochin Achevé d’imprimer à l’imprimerie Gauvin en avril 2010 ...

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