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Usage et rappropriation contextuel du téléphone mobile à Port-au-Prince Margareth Cormier Boulou Ebanda de B’béri Au cours des dernières années, l’utilisation du téléphone mobile est devenue de plus en plus populaire auprès de différents groupes d’âge et des différentes classes sociales, un phénomène qui aurait d’ailleurs intéressé plusieurs chercheurs. Toutefois, un aspect important que ces recherches émergentes éclipsent ou négligent souvent est les possibles transformations que peuvent engendrer la rencontre entre l’usage du téléphone mobile et des pratiques et des modes culturelles de communication. À quelques exceptions près, nous pouvons souligner les travaux de Özcan et Koçak (2003) qui se penchent sur la Turquie, de Chéneau-Loquay (2001) sur le Sénégal, de Celdran (2002) sur les Philippines et de Otieno (2005), sur le Kenya. En effet, ces trois études illustrent de nouvelles pratiques de « domestication » du mobile dans des contextes culturelles spécifiques. Par exemple, Özcan et Koçak ont étudié les motivations d’usage et la satisfaction que procure l’utilisation du téléphone mobile dans le cas des Turques. Selon ces deux auteurs, les usages sociaux du téléphone mobile dans les pays industrialisés diffèrent de ceux des pays en développement, dans certains cas. Ils soutiennent que, contrairement à ce que l’on peut observer dans les pays industrialisés, la communication par téléphone mobile est surtout passive dans les pays en développement, dans le sens 170 Margareth Cormier et Boulou Ebanda de B’béri E p r e u v e s où les utilisateurs du téléphone mobile s’en servent surtout pour recevoir des appels (p. 243). Chéneau-Loquay (2001) est arrivée à la même conclusion. Elle constate que des Sénégalais ayant participé à son étude utilisaient leur téléphone mobile pour recevoir des appels et une cabine publique ou un télécentre pour retourner leurs appels (p. 8). Elle argumente que la situation économique personnelle et le coût relativement élevé de l’utilisation de la téléphonie mobile influencent l’usage de cette technologie. Il faut néanmoins souligner que la notion de« communication passive » proposée par ces études est d’une certaine manière limitée, car épistémologiquement, il ne saurait avoir de véritables activités passives en communication. Par exemple, on ne pourra qualifier l’usage du téléphone mobile dans ces pays en développement de« passive » sans mettre en exergue la spécificité du contexte culturel. Autrement dit, le sens commun d’un« usage » implique nécessairement un certain degré d’« activité ». Ainsi, traiter par exemple l’usage du téléphone mobile dans certains pays en développement comme d’une « activité passive » est non seulement l’exemple d’une absence de contextualisation d’usage propre, mais aussi d’une prise en compte de la nature épistémologique des spécificités culturelles. D’autres études, comme celles de Celdran (2002) et d’Otieno (2005), menées dans d’autres pays en développement, ont examiné le lien entre la technologie et la vie politique des usagers. Tout particulièrement, ces études ont examiné l’impact que divers usages du téléphone mobile peuvent avoir sur les pratiques démocratiques aux Philippines et au Kenya lorsque le téléphone mobile est utilisé comme outil de transmission de messages politiques. Ces études soulignent comment le téléphone mobile peut restructurer la vie politique des usagers dans ces pays. Par exemple, en utilisant le SMS comme technologie de communication de masse, les politiciens de ces pays ont pu transmettre des idéaux politiques à la population. [3.144.230.82] Project MUSE (2024-04-25 14:59 GMT) Usage et rappropriation contextuel du téléphone mobile 171 E p r e u v e s Comme nous le démontrerons dans notre analyse, au-delà de la vie politique, d’autres aspects comme les relations interpersonnelles, les pratiques quotidiennes culturelles préétablies et même la structure sociale peuvent être modifiées en partie par des usages spécifiques du téléphone mobile. Les études examinant les implications socioculturelles de l’utilisation du téléphone mobile en Haïti sont quasi inexistantes. Dans cette analyse, nous tenterons de répondre aux questions suivantes: L’usage du téléphone mobile...

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