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168 entre lieux et mémoire public comme porteur d’identité collective et de voir cette dernière comme permettant au premier de fonctionner, ou d’advenir. il faut bien sûr voir ici la culture comme un travail du sujet sur lui-même, et non comme un donné relativement figé, de la même manière que l’identité doit être considérée à la fois dans sa permanence et son changement (dumont, 1968 ; ricœur, 1990). les lieux de mémoire et les lieux nouveaux qu’ils contribuent à dessiner apparaissent alors comme des embrayeurs, ou des relais, du culturel vers le politique. l’aménagement de l’espace public doit donc solliciter l’activité du sujet, qui doit se positionner autant face à la matérialité de son contexte qu’aux valeurs qui s’y manifestent. son rôle est essentiel pour empêcher que les normes qui en résultent ne se figent, ne se cristallisent, au détriment de la créativité nécessaire au politique (berdoulay, Gomes et lolive, 2004). le consensus bâti souvent autour d’une certaine mémoire présente le même risque d’étouffement de la pensée. l’espace public doit servir, par son ouverture potentielle à la diversité des comportements, à miner les scénarios réducteurs imposés par un aménagement conçu comme trop univoque dans son exploitation de la mémoire des lieux. la mémoire, nous l’avons souligné, est vive ; elle est une activité. elle constitue ainsi, relativement aux lieux, une composante essentielle de la réflexivité que l’aménagement de l’espace public doit encourager. en conséquence, par cette activité réflexive, il s’y fabrique la mémoire de l’avenir. conclusion : l’aménagement des lieux de mémoire à l’aune de la mondialisation les considérations qui précèdent ont permis de souligner combien la portée sociale et politique de l’iconographie d’une collectivité dépend de la façon dont sont traités ses lieux de mémoire par l’aménagement. essentiel est le souci de ne pas les aborder sans donner son juste poids à leur dimension spatiale, ni sans tenir compte des multiples liaisons qu’ils entretiennent avec la fabrique et le devenir des identités individuelles et collectives. pour finir le questionnement présenté dans les pages qui précèdent, il faut soulever une dernière interrogation, celle qui porte sur des lieux de mémoire et aménagement 169 changements d’échelle que le contexte économique et politique actuel a tendance à favoriser. il s’agit de ce qu’on appelle la mondialisation, phénomène qui pèse de façon croissante sur l’aménagement. c’est un phénomène où le discours se traduit de façon hautement performative, en ce sens qu’il légitime avec efficacité une idéologie particulière en recombinant, dans son récit de l’évolution sociale, des phénomènes liés à l’accroissement des échanges internationaux de produits, avec les effets sociopolitiques de ceux-ci. on retrouve là les enjeux spatiaux, narratifs, épistémologiques et politiques abordés précédemment, de sorte que les avatars iconographiques de la mondialisation remettent en question les principes d’aménagement tels qu’ils ont été évoqués à propos de ces enjeux. la mondialisation actuelle (avec la concurrence pour l’emploi et les ressources financières) place les entreprises en position de force vis-à-vis des responsables de la gestion des territoires, et notamment des villes. le « marketing urbain » percole l’aménagement de façon nouvelle et croissante, afin de donner une image plus compétitive des territoires, et ce, au risque d’en modifier définitivement la cohérence iconographique. la volonté est d’inscrire dans l’aménagement une image de pleine participation aux réseaux d’échanges mondiaux. mais il s’agit d’une image diluée, où dominent le mimétisme ou le stéréotype (borja et muxí, 2004 ; mangin, 2004). l’aménagement contemporain produit ainsi une iconographie « mondialiste », qui tend à couper les liens de la vie socioculturelle et politique avec la mémoire des lieux. dans ce contexte, les lieux de mémoire pourront-ils compenser cette banalisation de l’espace et cette perte du sens historique ? c’est probablement l’aspect non institutionnalisé, voire subversif, qu’ils possèdent, qui laisse quelques possibilités iconographiques pour le futur… BIBLIographIe arendt, hannah ([1958...

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