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et les questions qui découlent de l'histoire envisagée comme un tout, telles que : l'histoire a-t-elle un sens? Avance-t-elle en ligne droite? Ou comporte-t-elle des cycles? Détermine-t-elle le destin des étires humains?Les êtres humains se déterminent-ils eux-mêmes par leurs actions ? La philosophie spéculative s'oppose à ce qu'on appelle la « philosophie analytique » de l'histoire, parfois nommée« philosophie critique »de l'histoire. Ce dernier genrede philosophie considère les recherches spéculatives comme sans fondement et préfère examiner les questions qui se rapportent directement aux problèmes épistémologiques suscitées par les enquêtes historiques. L'épistémologie conduit à s'interroger sur l'objectivité potentielle de la science historique - étant donné quel'objet, c'est-à-dire lepassé, n'existe plus -, sur l'objectivité dans le traitement desfaits - étant donné que l'historien est lui-même impliqué dans la constitution de l'objet d'investigation - ou sur le mode, narratif ou autre, de présentation des faits. Il m'est impossible d'examiner en profondeur dans cet ouvrage l'abandon de la philosophie spéculative dans l'étude de l'histoire au profit de l'approche analytique. Toutefois, j'aurai à traiter du sujet au cours de mon exposé. La philosophie spéculative est à peu près complètement délaissée; il y a une relative pénurie de philosophes spéculatifs et de fait, les philosophies spéculatives de l'histoire que j'examinerai ont été édifiées aux xvme et xixe siècles. L'abandon de la philosophie spéculative de l'histoire s'explique, en partie, par le fait que notre connaissance du passé, qui est le résultat du travail de très nombreux historiens, s'est accrue de façon exponentielle, ce qui entraîne une certaine méfiance enversle moindre projet visant ouvertement à enclore la totalité de l'histoire. Je partage cette méfiance. Cependant, la philosophie spéculative de l'histoire, comme je la comprends, ne doit pas englober la totalité de l'histoire, mais essayer de la voir comme un tout. À mon avis, cela est raisonnable et faisable, et je tenterai de trouver les moyens conceptuels de penser ce tout dans ce qui suit. Je suppose que beaucoup de lecteurs seront sceptiques à l'égard d'un tel projet, d'autant que je discuterai, entre autres, de la philosophie de l'histoire de Karl Marx. On prétendra que la conception de l'histoire qui a animé la pensée marxiste a été complètement discréditée au cours du XXe siècle. Sans entrer dans xii La dynamique multiculturelle et les fins de l'histoire la polémique, j'aimerais exposer brièvement ce que la philosophie spéculative de l'histoire n'est pas ou ne peut être. Maurice Lagueux, dans un ouvrage récent, affirme que la philosophie spéculative de l'histoire, loin d'être hors de propos, permet de donner un sens aux événements historiques. Quand les sociologues, les politologues et les autres spécialistes des questions sociales essaient de pénétrer le sens des événements en cours, ils se livrent à une activité très semblable et sont mus par les mêmes préoccupations que les philosophes spéculatifs de l'histoire. Le travail de Lagueux est intéressant en ce qu'il montre que ceux qui s'attachent à différencier leur manière de voir les événements actuels de celle des philosophes spéculatifsde l'histoire ont une conception particulière delaphilosophie spéculative del'histoire. Selon Lagueux, cette conception comporte cinq caractéristiquesprincipales : 1) le mépris des faits ; 2) une présumée connaissance du futur; 3) le dogmatisme; 4) la formulation de jugements téléologiques; 5) la prétention de donner le sens de l'histoire prise dans sa totalité. (Lagueux, p. 171 -181) J'examinerai brièvement ces cinq caractéristiques. Je ne veux pas vérifier si elles sont inhérentes à l'essence de la philosophie spéculative de l'histoire; je ne pense pas qu'elles le soient, et je montrerai dans le cours de mon ouvrage quelles ne reflètent nullement la valeur et l'importance des œuvres de Kant, de Hegel et de Marx. Je m'efforcerai par ailleurs d'éviter de tomber dans l'un ou l'autre de ces défauts dans ma propre pratique de la philosophie...

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