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152 La dynamique multiculturelleet les fins de l'histoire ces activités humaines qui sont le sujet de l'histoire —son moteur, la dynamique du mouvement historique - pointent, par-delà leur forme particulière, vers un mode d'/«ter-activité que Marx appelle une « activité libre » ou la «manifestation de soi » : C'est seulement à ce stade que la manifestation de soi coïncide avec la vie matérielle, ce qui correspond à la transformation des individus en individus complets et au dépouillement de tout caractère imposé originairement par la nature; à ce stade, correspond la transformation du travail en manifestationde soi et la métamorphosedes relations conditionnées jusqu'alors en relation des individusen tant qu'individus. (L'idéologie allemande, p. 104) Cette transformation, Marx la juge « inévitable ». La force spéculative de la lecture de l'histoire considérée comme un tout que nous offre Marx reste décisive, comme je chercherai à le montrer dans le prochain chapitre. Considérons maintenant le caractère « inévitable »du télos de l'histoire défini par Marx. Si Marx entendait décrire la réalisation « inévitable »du libre développement de chacun et donc de tous comme un processus nécessaire, alors il apporte une confusion modale. Comme nous l'avons vu dans l'introduction de ce livre, la nécessité n'est pas une catégorie modale qui s'applique au futur, lorsque celui-ci est compris dans le complexe passé-présent-futur. Ce que nous découvrons, lorsque nous considérons le futur, ce ne sont pas des nécessités, mais des possibilités, avec des impossibilités comme toile de fond. Bien sûr, il faut composer avec les nécessités du passé, que nous ne pouvons pas changer, mais nous le faisons dans un présent contingent, dans le sens que les choses auraientpu être autrementsi les êtres humains s'étaient engagés autrement, dans d'autres circonstances. Bien sûr, les êtres humains se sont engagés comme ils l'ont fait dans les circonstances telles qu'elles se sont présentées, et donc, du point de vue d'un présent contingent, ces choses du passé sont nécessairement ce qu'elles sont. Cependant, le passé rejoint un présent qui lui-même pourrait être autrementet donc se présente lui-même comme étant contingent. C'est en tenant compte de telles considérations que nous devons lire la célèbre onzième thèse des Thèses sur Feuerbach de Marx : CINQUIÈME CHAPITRE 153 Marx, les forces productives et l'histoire« Les philosophes n'ont fait qu: 'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer » (Œuvres choisies /, p. 164). Si les philosophes se sont limités à interpréter le monde, c'est parce qu'ils ont porté leur attention sur le monde tel qu'il aété, en faisant abstraction de leur engagement dans le présent, pour en faire un objet indépendant des philosophes eux-mêmes et de leur position contemplative. Cependant, le monde tel qu'il est, tel qu'il se présente à notre activité engagée, n'est pas indépendant de nos efforts pour nous y frayer un chemin. C'est un monde historique, structuré comme un complexe passé-présent-futur, aveclequel nous avons un rapport contingent. Maintenant, il est intéressant de noter que ce rapport contingent au monde dansson déploiement estcommun àtous lesêtres humains, parce qu'il est «inévitable ». En effet, on pourrait aller plus loin et dire qu'une attention bien dirigée au contexte historique dans lequel nous vivons nos vies nous démontre les exigences et caractéristiques contingentes «inévitables » de ce monde partagé. C'est cette conjonction curieuse de « l'inévitable » et du « contingent » qui illustre le mieux ce que cela veut dire de vivre dans un monde historique, c'est-à-dire un monde qui a pris une certaine forme, qui, quoiqu'il eût pu être autrement, est ce qu'il est, et qui, parce qui\ est ce qu'il est et non pas ce qu'il aurait pu être, nous force à nous poser des questions au sujet de ce qu'il pourra devenir dans le cours continu du temps. Ces questions ne sont pas abstraites bien qu'elles soient spéculatives. Elles portent sur la façon dont le monde présent...

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